(die
Überschrift ist schon etwas merkwürdig, wenn man bedenkt, dass einer der
folgenden Herren kein Tenor ist)
Hier nur der Teil des Artikels, der Jonas Kaufmann betrifft. Außerdem auf
dem Bild: Juan-Diego Florez, Rolando Villazon und Erwin Schrott.
Si Florez est le chanteur de charme latin,
crooner du bel canto, Jonas Kaufmann est son pendant viril et germanique :
sa voix beaucoup plus sombre et puissante le prédestine d'ores et déjà aux
rôles wagnériens (il sera Lohengrin à Munich et Siegmund à New York), mais
il se garde bien de se laisser coller l'étiquette de « chanteur allemand »
et remet au goût du jour une grande versatilité de répertoire.
Point commun de chacun : ils sont « marketés » comme des stars du rock, par
des maisons de disque qui ont besoin de produits de lancement et de têtes de
gondole pour endiguer la chute des ventes. Séances de signatures, émissions
de grande écoute, campagnes photographiques : nos nouvelles stars du lyrique
doivent ajouter à leur planning de répétitions des plages de temps de plus
en plus importantes consacrées à la « promo ». Nécessité qui devient vertu
quand il s'agit de faire connaître des artistes intègres, comme Jonas
Kaufmann, qui refuse le cross-over : « mon image du chant est trop sérieuse,
et m'y adonner en public est impossible ».
Jonas Kaufmann
Jonas Kaufmann, 35 ans (er sieht halt jünger aus als er ist)
L'Allemand Jonas Kaufmann entre dans la rare (et regrettée) caste des
chanteurs caméléons. Pas de répertoire interdit pour ce beau ténébreux qui a
fait ses armes à Zurich et se montre à l'aise chez Rossini, Mozart, Puccini,
Gounod, Verdi, Berlioz, Massenet ou Wagner. Son premier récital enregistré,
Romantic Arias (Decca), témoigne de ce légitime éclectisme. Après l'avoir
entendu voilà dix jours dans des mélodies de Britten et Richard Strauss, les
Parisiens vont pouvoir le découvrir à partir de demain dans un très attendu
Fidelio au Palais Garnier.
«Attention ! Avec ton physique, ils vont tous vouloir que
tu fasses de la variété !»
Aujourd'hui, les metteurs en scène cherchent de plus en plus des chanteurs
qui aient « le physique du rôle ».
« Tu dois faire attention. Avec ton physique, ils vont tous vouloir que tu
fasses de la variété. Tu chantes trop bien pour ça ! » Cette mise en garde
de la grande soprano Renée Fleming à Jonas Kaufmann est révélatrice.
Corollaire de l'importance des méthodes modernes de marketing appliquées au
classique, et surtout de la prééminence de la dimension théâtrale des mises
en scène d'opéra : on cherche aujourd'hui des chanteurs qui aient « le
physique du rôle ». |