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Le Soir.be, 11 Mars 2009 |
SERGE MARTIN |
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Pappano enregistre « Madame Butterfly » à Rome
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EMI Classics lance la parution
internationale de son enregistrement studio de « Madame Butterfly » de
Puccini. |
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L'œuvre a été réalisée à Rome en juillet dernier
avec Angela Gheorghiu dans le rôle-titre et Jonas Kaufmann dans celui de
Pinkerton. Nous vous entraînons pour l'occasion dans la salle du Parco della
Musica où Antonio Pappano dirige son orchestre et son chœur de l'Accademia
Santa Cecilia de Rome dont il assume la direction, parallèlement à la
direction artistique du Royal Covent Garden Opera House de Londres. Un
investissement de cette envergure est particulièrement rare aujourd'hui dans
un marché du CD, bien malmené.
« Quand j'ai terminé l'enregistrement de Tristan avec Domingo, avoue
Pappano, je me suis dit que c'était sans doute mon dernier opéra en studio.
» Les éditeurs préfèrent en effet se concentrer sur la réalisation
d'enregistrements d'opéra en public, soit lors d'une exécution en concert,
soit par la captation (souvent en DVD) de certaines représentations. C'est
dire l'importance de ce projet. Et son résultat quand on saisit à son écoute
quels trésors de précision peut atteindre un enregistrement studio. Il faut
avoir entendu Angela Gheorghiu reprendre sept fois en « messa di voce » un
bref moment avec une indicible perfection dans le timbre et l'intonation
pour saisir la difficulté de l'exercice. Elle-même s'en explique en souriant
malicieusement : « Si je peux faire cela avec un maximum de
professionnalisme, c'est parce que je n'hésite pas à dire non, ce que l'on
me reproche souvent. Mais une chanteuse connaît sa voix et se doit de
conserver ses plus purs moments pour son public. Etre rigoureux envers
soi-même demeure le meilleur moyen d'être généreux avec lui. »
Un superbe travail d'équipe
Antonio Pappano répète un extrait du duo d'amour et d'emblée, on est frappé
par le son à la fois chaleureux et transparent de l'orchestre. Et par-dessus
tout par la façon de chanter de la Santa Cecilia comme si le naturel des
phrasés résonnait dans son arbre généalogique.
« Il est évident que la musique de Puccini appelle certaines couleurs. Il
a une façon inimitable de conjuguer une chaleur transalpine avec un sens
aigu de la couleur locale (son évocation du Japon mais aussi son traitement
de l'hymne américain sont le fait d'un grand homme de théâtre). Il est
évident que ce style correspond à une certaine tradition italienne et que
les musiciens de l'Accademia en sentent les racines naturellement. » Et
cela fonctionne avec un mimétisme stupéfiant qui accueille toutes les
intentions, comme cette assise de basses wagnériennes que Pappano imprègne
dans un duo dont il reconnaît volontiers que « le modèle de Puccini était
très clairement celui de Tristan und Isolde ».
Comme l'admet Jonas Kaufmann, « la partition est d'une admirable
précision ».
« Il n'y a pas de vrai choix pour le chanteur. S'il respecte la demande
du compositeur, tout se met alors à fonctionner merveilleusement. Avec Tony,
tout reste logique et en même temps habité par une incroyable dynamique.
Vous pouvez être certain qu'il sera toujours là au bon moment, avec
exactement le type de soutien dont vous rêvez. Pinkerton n'est pas un
personnage très sympathique, mais j'essaie comme toujours de faire passer en
lui quelque chose de moi-même qui le rende plus crédible. S'il n'est qu'une
caricature du méchant Américain, c'est tout l'opéra qui se retrouve
déséquilibré. Je tenais absolument à faire ce disque et j'ai d'emblée
prévenu DG de cet engagement quand j'ai signé avec eux. » Un
enregistrement qui s'impose avant tout comme un superbe travail d'équipe. |
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