La Dépêche, 06/05/2014

Anne-Marie Chouchan

Jonas Kaufmann, le prince des ténors, chante à la Halle aux Grains

Le chanteur allemand Jonas Kaufmann, nouvelle vedette de la scène lyrique internationale, est en tournée avec des mélodies de Mahler. Il est à Toulouse le 7 mai.

Aucun rôle, aucun répertoire lyrique ne semble aujourd'hui pouvoir résister à Jonas Kaufmann. Le ténor allemand est aussi à l'aise dans Parsifal de Wagner (un magistral DVD chez Sony en témoigne) que dans Werther de Massenet ou Don Carlo de Verdi. Chanteur aussi puissant que subtil, fin musicien, comédien inné, physique de cinéma, Jonas Kaufmann est acclamé sur toutes les scènes du monde. Fin musicien, il aime le concert et le récital. En tournée avec «Chants d'un compagnon errant» de Gustav Mahler, il interprète le cycle de lieder à la Halle aux Grains, dans le cadre de la saison des Grands Interprètes. Il est accompagné du Chamber Orchestra Vienna-Berlin. Entretien. Vous consacrez ce mois de mai à une tournée. Les concerts et récitals sont-ils aussi importants pour vous que l'opéra ? Oui, ils le sont. Vous savez, je ne suis pas du ceux qui aiment à se «spécialiser» dans quatre ou cinq rôles d'opéra et tourner avec eux. Je préfère chanter un répertoire aussi vaste possible. Cela me permet de rester flexible, vocalement et musicalement, ainsi qu'en termes de styles et de langages différents. Que représentent pour vous les «Chants d'un compagnon errant» de Mahler figurant à votre programme. ? D'abord de bons souvenirs. Mon père avait une grande collection de disques. C'est à travers ces enregistrements que j'ai entendu la musique de Gustav Mahler pour la première fois. Je me souviens très bien d'avoir été impressionné en écoutant les enregistrements de cycles de lieder de Mahler par Christa Ludwig. Vous souvenez-vous de votre première venue à Toulouse en 2001 dans «Mignon» de Thomas au Théâtre du Capitole ? Bien sûr ! C'était une production romantique avec Susan Graham dans le rôle-titre. Malheureusement, nous avons été handicapés par de nombreux cas de maladies… À l'opéra, aucun répertoire ne semble pouvoir vous résister. Y a-t-il encore beaucoup de rôles que vous désirez chanter ? Oui, il y en a ! Riccardo d'«Un bal masqué» et Otello, Turiddu et Canio de «Cavalleria rusticana» et «Paillasse», Tannhäuser, Andrea Chénier et, bien sûr, Hoffmann. Le secret de votre santé vocale ? Avez-vous besoin de toujours chanter pour garder la forme ? Préférez-vous plutôt faire des pauses pour préparer des rôles éprouvants ? Je ne crois pas qu'il y ait un secret. Vu que le chant est un sport de haut niveau, vous devez vous exercer pour rester en forme. Mais il faut trouver le bon équilibre entre le travail et le repos. Même si vous aimez vraiment chanter et vous produire (ce qui est mon cas), vous devez toujours chercher des périodes de repos afin de recharger les batteries. Les voyages font partie de votre métier. Vous aimez cette vie itinérante ? Vos loisirs favoris lorsque vous ne chantez pas ? Si j'en avais le choix, je préférerais me concentrer sur les opéras et salles de concert situés à proximité de chez moi ! Mais ma carrière internationale requiert beaucoup de voyages. Parfois j'aime ça, parfois non. Ce que je regrette vraiment, quand je suis en tournée, c'est d'avoir souvent trop peu de temps libre pour toutes ces choses que je verrais si j'étais un touriste. Concernant mes loisirs, j'aime lire, regarder des films, cuisiner et manger. Je suis un drogué de bon café et de sucreries ! Je fais beaucoup de sport. Du ski, du vélo, du bateau… Et j'aime regarder des matchs de football.