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Classique News, 28.12.2022 |
Par
Lucas Irom |
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Puccini: Tosca, Zürich, ab 15.12.2022
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PUCCINI : Tosca. Radvanovsky, Kaufmann, Terfel…
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L’affiche est alléchante; le production
a t elle exaucé nos attentes? La mise en scène vue déjà en 2009, déploie les
arguments de Carsen ; Kaufmann l’a « éprouvée » en 2011 (à Zürich aussi, aux
côté du Scarpia d’Hampson, diseur presque trop élégant pour la noirceur sale
du Préfet de Rome)… Jonas Kaufmann, rauque et large, – ensuite remplacé
ici par Yusif Eyvazov-, est toujours aussi saisissant de naturel, peignant
de Cavaradossi, le portrait d’un peintre républicain et Bonapartiste (si
enthousiaste à l’annonce de la victoire – française- de Marengo au II), prêt
à sauver le fugitif Angelotti, frère de la marquise Attavanti dont il brosse
le portrait en Vierge éperdue pour l’église Sant’Andrea della Valle au I.
Plus tard, son « E Lucevan e stelle », affirme la largeur d’une voix de plus
en plus à l’aise dans le medium et les graves – voix barytonante et
belcantiste dans ses phrasés filés avec une finesse remarquable…
Face
au viril et tendre Kaufmann, la Tosca de Sondra Radvanovsky enchante
littéralement par la cohérence de son personnage ainsi polissé : fragile
amoureuse, mais femme forte, détachant comme Kaufmann, chaque mot avec
l’expertise d’une diseuse et fine actrice. Si à la fin du I, Scarpia en fait
la victime du doute instillé, – révélant cet éventail de femme qui tendrait
à prouver que son peintre amant, en aime une autre, Tosca au II, montre à
l’inverse un tout autre visage, celui d’une tragédienne, combattante,
libertaire, prête à tuer pour sauver celle qu’elle aime éperdument. De ces
vertiges émotionnelles et situations exacerbées, la soprano réalise un
parcours bouleversant de vérité et de sensibilité. L’acmé en étant son
« Vissi d‘arte, vissi d’amore », prière à la Vierge d’une victime de la
barbarie : intense et démunie, seule, affrontant son propre destin, acculée,
la diva chante au pied du rideau de scène métallique, totalement baissé,
lumière froide mais sensibilité brûlante… |
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