Concert Classic
Francois Lesueur
 
Konzert, "Mein Wien", Paris, 20. Januar 2020
 
JONAS KAUFMANN AU THÉÂTRE DES CHAMPS-ELYSÉES ( LES GRANDES VOIX) – IL FALLAIT QU’IL VIENNE
L'annulation de sa participation au concert de Nuremberg deux jours avant avait fait craindre le pire aux fidèles des Grandes Voix. Mais Jonas Kaufmann se devait d'honorer son contrat et de charmer le public du théâtre des Champs-Elysées avec ce répertoire viennois dans lequel il excelle. Chaque année depuis longtemps maintenant le ténor enregistre un programme en studio avant de se lancer dans une tournée internationale : après le Winterreise de Schubert, les albums Puccini et Verdi ou celui consacré au duo Lehár-Tauber et de l’âge d’or du cinéma parlant jusqu'aux premières épurations nazies, intitulé « Du bist der Welt für mich », le chanteur a choisi de célébrer Vienne avec une sélection d'airs mais aussi de duos d'opérettes qui l'accompagnent depuis son enfance. Tendre, canaille, désinvolte et délicieusement suranné, ce répertoire exigeant ne souffre ni l'indifférence, ni la médiocrité.

Face à des micros et à un système d'amplification aux allures de cabaret d'autrefois, Jonas Kaufmann trouve le ton juste (comme sur son magnifique disque gravé en mars-avril 2019 au Casino de Baumgarten de Vienne, dirigé par Adam Fischer –Sony), mi-crooner, mi-chanteur de charme, qui convient idéalement à ces standards. Voix grave au grain velouté, simplicité des accents et décontraction de l’approche, le ténor évolue ici tel un poisson dans l'eau, à la fois royal et décomplexé.

Dans sa bouche les mélodies les plus simples signées Rudolph Sieczynski « Wien, Wien nur du allein », ou Emmerich Kálmán « Zwei Märchenaugen » (Die Zirkusprinzessin) retentissent comme de petits bijoux qu'il investit avec une soif d'authenticité et pare du plus grand naturel. A côté de raretés de Robert Stolz (« Im prater blühn wieder di Bäume » croquée avec délectation), le chanteur s'illustre dans les célébrissimes duos de Die Fledermaus et Die Lustige Witwe où la pulpeuse soprano américaine Rachel Willis-Sorensen lui offre une douce et précieuse réplique (tout aussi vive et musicale que sur l’enregistrement récemment paru). Jouant sans se forcer et avec une réelle complicité aux surprises de l'amour dans Wiener Blut ou aux subtilités du sentiment amoureux prôné par Die Fledermaus, les deux artistes livrent d'élégantes et lumineuses versions de ces indémodables pages.

Accompagnée avec chaleur par les membres du PKF Prague Philharmonia et leur chef Jochen Rieder, Rachel Willis-Sorensen s'impose avec brio dans la "Czardas" de Rosalinde extraite de Die Fledermaus avant de jeter un sort exquis au "Vilja-Lied" de Die Lustige Witwe abordé de front, sans la moindre hésitation, vocalises et aigus compris. De son côté Jonas Kaufmann conclue ce vibrant hommage à la musique viennoise avec deux bis typiques, « In einem kleinen Café in Hernals » de Hermann Leopoldi, suivie par « Heut ist der schönste Tag in meinem Leben » chanson composée par Hans May tirée du film éponyme de 1935 confiée au ténor star de l'époque, Joseph Schmidt.












 
 
  www.jkaufmann.info back top