|
|
|
|
|
Opera Online |
Emmanuel Andrieu |
|
Wagner-Konzert, Walküre, 1. Akt, Gstaad, 18. August 2018
|
|
Jonas Kaufmann, Siegmund superlatif au Festival Menuhin de Gstaad
|
|
Trois semaines après son récital (d’airs
français et allemands) au Festival de Peralada, c’est dans la cossue cité
suisse de Gstaad – au célèbre Gstaad Menuhin Festival – que l’on retrouve
(dans une forme vocale éblouissante malgré un orteil cassé l’obligeant à
arriver sur scène en claudiquant...) le ténor N°1 de notre temps : Jonas
Kaufmann. Il n’est cette fois pas venu seul, mais accompagné par Martina
Serafin et Falk Struckmann, pour une exécution du premier acte de La
Walkyrie de Richard Wagner avec, en fosse, l’Orchestre du Festival de Gstaad
dirigé par son chef titulaire, Jaap van Zweden.
Mais avant ce morceau
de choix, la formidable phalange réunissant des instrumentistes issus des
meilleurs orchestres helvétiques (Orchestre de la Tonhalle Zürich, du
Philharmonia Zürich, du Kammerorchester Basel, du Basler Sinfonieorchester
ou encore du Berner Sinfonieorchester) a l’occasion de faire chanter ses
cordes et rutiler ses cuivres dans une série d’ouvertures et de préludes de
l’Echanson de Bayreuth, dont on retiendra surtout un ineffable Prélude et
mort d’Isolde, que le chef néerlandais dirige avec une grande émotion, un
sens des nuances intense et des couleurs envoûtantes.
Que dire
ensuite sur la prestation de l’illustre ténor allemand, sans tomber une
nouvelle fois dans le panégyrique le plus béat ? Il y a d’abord et toujours
la fascination de ce timbre, à la fois viril et rêveur, il y a également la
puissance unique d’un registre aigu particulièrement vaillant, et il y a
sûrement plus encore le charisme d’un interprète d’une rare sensibilité, qui
lui permet d’interpréter le plus poétique Siegmund qui soit... Si l’on a
rarement entendu des « Wälse ! » aussi longuement tenus et si puissamment
délivrés, c’est néanmoins le non moins célèbre « Winterstürme », chanté
pianissimo et avec une tendresse éperdue, que l’on retiendra, offrant là aux
auditeurs le point culminant - émotionnellement parlant - de la soirée.
A ses côtés, la baryton-basse allemand Falk Struckmann campe un Hunding
sévère, d’une grande distinction vocale, peut-être trop pour un personnage
aussi fruste. Mais l’élégance du style, comme la puissance vocale,
n’appellent que des éloges. Reste la non moins magnifique Sieglinde de
Martina Serafin, malgré un timbre qui a perdu un peu de son soyeux et de son
émail ; la cantatrice autrichienne parvient néanmoins à incarner avec une
évidence stupéfiante la grâce et la fragilité de son personnage.
Incandescente, tragédienne d’emblée, et toujours attentive à ses
partenaires, elle fait oublier l’absence de mise en scène, donnant corps au
drame wagnérien – à l’instar de Jonas Kaufmann – par sa seule présence…
Une soirée saluée par un fol enthousiasme sous une tente du festival
pleine à craquer !
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|