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Le Temps, 20 août 2018 |
Julian Sykes |
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Wagner-Konzert, Walküre, 1. Akt, Gstaad, 18. August 2018
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W comme Wagner et «West Side Story» à Gstaad
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Le ténor Jonas Kaufmann était
très attendu pour le premier acte de «La Walkyrie» samedi soir à Gstaad. Le
lendemain, le festival projetait la comédie musicale de Leonard Bernstein
avec un accompagnement d’orchestre dans la salle |
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Un orteil cassé? Aïe! Peu recommandé
pour donner un concert! Très attendu au Gstaad Menuhin Festival, Jonas
Kaufmann a chanté Wagner samedi soir sous la grande tente pleine à craquer.
Le ténor allemand était accompagné par le chef néerlandais Jaap van Zweden
et le Gstaad Festival Orchestra dans le premier acte de La Walkyrie, avec la
soprano Martina Serafin en Sieglinde et le baryton-basse Falk Struckmann en
Hunding.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, Jonas Kaufmann a
chanté tour à tour assis et debout. Il a posé plusieurs fois son pied sur un
escabeau afin de soulager sa douleur. Comme il faisait chaud dans la salle,
il a essuyé son front et son menton à plusieurs reprises aussi.
Couleur de voix idéale Star parmi les stars, Jonas
Kaufmann n’a pas voulu qu’une annonce publique soit faite pour l’excuser de
sa condition physique. Familier du rôle de Siegmund, ce jeune héros
wagnérien condamné à l’exil, qui retrouve inopinément sa sœur jumelle
Sieglinde auprès du sinistre Hunding, le ténor a fait montre de son
éloquence habituelle. La couleur de voix, plutôt sombre, cuivrée, est idéale
pour ce rôle.
Certes, on aurait aimé un peu plus de fièvre par
moments, le ténor s’économisant pour quelques passages clés comme les
fameuses notes tenues sur «Wälse!» qu’il a décochées avec une puissance et
une longueur de souffle phénoménale. Cette vaillance n’est pas donnée à
tous, assortie d’une intelligence du texte peu commune.
Vaillant comme il se doit La soprano autrichienne Martina
Serafin, chevelure de lionne, impose un vrai personnage théâtral en
Sieglinde. La voix est ample, puissante, avec de beaux graves, un medium
soutenu et des aigus au métal tranchant, quoiqu’un peu stridents vers la fin
du premier acte; le soyeux du timbre que l’on associe à la jeune Sieglinde,
en revanche, n’y est pas. Falk Struckmann, à la voix noire, dure comme du
granit (mais pas métallique), est impeccable en Hunding.
Quant à
Jonas Kaufmann, le ténor illustre les différentes facettes de Siegmund, tour
à tour blessé intérieurement, tendre dans «Winterstürme», et vaillant comme
il se doit à la fin du premier acte. L’accompagnement orchestral est de
grande qualité, tempétueux au début, précis, continu sur la durée malgré les
innombrables ruptures et transitions.
Un orchestre charpenté
de haute tenue La première partie du concert était consacrée à
des pages orchestrales de Wagner. Dans l’«Ouverture» des Maîtres chanteurs
de Nuremberg, Jaap van Zweden impose un discours ferme et allant, aux lignes
bien dessinées. Les cordes forment un bel ensemble homogène, auxquels
répondent des cuivres sonores, sans jamais être écrasants (et tant pis pour
les quelques fausses notes aux cors). Les bois sont joliment expressifs,
notamment dans cet épisode où ils se retrouvent à jouer seuls.
Le
«Prélude» de Tristan und Isolde respire cette même unité organique. S’il
manque quelque chose, c’est une part de frémissement, d’indicible, tout le
mystère qui émerge avec une battue un peu plus souple et moins contrôlée.
Hormis cette réserve, on savoure la beauté de l’orchestre (écoutez ces
violoncelles voluptueux!). Après le «Prélude» vient directement la «Mort
d’Isolde» (sans voix chantée, hélas). La fameuse Chevauchée des Walkyries
est énergique à souhait. Puissance épique, étalonnage des dynamiques,
discipline de l’orchestre: nul doute que sous la conduite de Jaap van Zweden
le Gstaad Festival Orchestra a fait des progrès et joue mieux que lorsqu’il
était anciennement dirigé par Neeme Järvi.
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