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Forum Opera, 30 Janvier 2015 |
Par Yannick Boussaert |
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Giordano: Andrea Chenier, London, Royal Opera House, Vorstellung 29. Januar 2015 (Kino)
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Salles combles pour le Chénier de Jonas Kaufmann
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Affichettes « complet » placardées à l'entrée du cinéma et cohue à l'entrée
de la salle, preuve s'il en est que certains artistes attirent encore sur
leur nom seul. Il faut dire que le Chénier de Jonas Kaufmann a de la gueule
: de son timbre moiré passant du voile des piani à l'éclat de l'aigu, il
campe plus le poète que l'orateur, cherche plus l'élégie que la diatribe.
Lui répond l'incandescence d'Eva-Maria Westbroek, très investie et dont la
voix ample et riche épouse les affres de Madeleine. Dommage qu'elle reste
précautionneuse dans le crescendo final de son grand air. Le dernier duo du
quatrième acte mettra tout le monde d'accord, au Royal Opera House comme
dans le cinéma. Reste le cas Zeljko Lucic : voix saine, puissante mais
monocorde. Chacun des personnages qu'il chante a la même couleur. Gérard
s'ajoute à la liste. Dans les seconds rôles, majoritairement bien tenus, la
Madelon d'Elena Zilio emporte une adhésion immédiate et évidente, cependant
que la Bersi de Denyce Graves laisse plus dubitatif. La couleur du timbre
est intéressante mais la voix peine à s'épanouir. Rosalind Plowright se
promène élégament en Comtesse de Coigny. Baguette fougueuse dans la fosse
que celle d'Antonio Pappano. Si le son cinéma lisse les textures de
l'orchestre du Royal Opera House, il reste le souffle. Ce Chénier vit,
depuis les mignardises de la Comtesse jusqu'au roulement de tambour de la
guillotine. Rubans et charrettes, c'est finalement ce qu'il reste de la
production de David McVicar, sobre et sans arête, pâle de direction
d'acteur, fidèle, adéquatement illustrative. |
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