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AFP, 8 décembre 2012
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Wagner: Lohengrin, Teatro alla Scala, 7. Dezember 2012
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Succès pour « Lohengrin » à la Scala sur fond de polémique Wagner/Verdi
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L’opéra de Milan, la Scala, a ouvert vendredi sa saison 2012/2013 par un
triomphe au « Lohengrin » de Richard Wagner, un choix pourtant controversé
en Italie alors que l’année 2013 marque à la fois le bicentenaire du
compositeur allemand et celui de son rival italien Giuseppe Verdi.
Comme chaque 7 décembre, jour de la Saint-Ambroise, le patron de la ville de
Milan, hommes politiques, vedettes de toutes sortes et haute société
milanaise ont revêtu leurs plus scintillantes toilettes et se sont pressés
autour des velours pourpres du célèbre théâtre milanais pour assister au
début de sa saison lyrique.
Plusieurs surprises les attendaient, à
commencer par la neige qui tombait à gros flocons au début de la
représentation et a empêché le président de la Commission européenne José
Manuel Barroso de décoller de Bruxelles pour se rendre à Milan.
Mais
pour les aficionados, c’est surtout le changement de casting de dernière
minute pour le principal rôle féminin, celui d’Elsa de Brabant, qui a été
remarqué: il a été assuré par la soprano Annette Dasch, arrivée la nuit
précédente pour remplacer Anja Harteros, souffrante. La performance de Mme
Dasch, une habituée du Festival de Bayreuth, a été saluée par le metteur en
scène Claus Guth, qui a jugé après la représentation que « ce qu’elle a fait
n’est pas de ce monde ».
Enfin, le spectacle de 4 heures et 50
minutes, qui a été salué par quinze minutes d’applaudissements nourris et de
cris d’approbation, s’est achevé sur l’hymne national italien joué par
l’orchestre et entonné par chanteurs, choristes et public réunis: une rareté
en Italie où l’hymne est plutôt joué en début de représentation, si un chef
d’Etat est présent. Ce n’était pas le cas ce vendredi, le président italien
Giorgio Napolitano ayant décliné en début de semaine l’invitation à la Scala
en raison d’impératifs politiques.
Cette initiative inattendue visait
sans doute à tordre le cou à la polémique qui a accompagné Lohengrin ces
dernières semaines en Italie. Certains se sont ouvertement agacés que le
plus célèbre opéra du pays ait préféré pour son début de saison un
compositeur allemand à l’Italien Giuseppe Verdi, l’un des compositeurs
italiens les plus emblématiques et figure du processus d’unification
politique de la péninsule italienne, le Risorgimento. L’absence du
président Napolitano a ainsi largement été interprétée comme un signe de
désapprobation envers ce choix, bien qu’il ait lui-même qualifié de « futile
» la polémique Wagner/Verdi. Les opéras de Rome et Naples, qui ont eux aussi
démarré leur saison ces derniers jours, avaient tous deux choisi des oeuvres
de Verdi.
Les deux maîtres sont nés en 1813 et il leur sera rendra
amplement rendu hommage tout au long de l’année, souligne-t-on à la Scala,
où l’on se défend de toute visée polémique. L’opéra prévoit pour cette seule
saison sept oeuvres de Verdi: Falstaff, Nabucco, Macbeth, Oberto conte di
San Bonifacio, Un bal masqué, Don Carlo et Aida. La saison 2013/2014 devrait
être ouverte avec La Traviata du même Verdi.
Quant à Wagner, la
saison qui s’ouvre prévoit, outre Lohengrin: le Hollandais volant, le
Crépuscule des dieux, l’Or du Rhin, la Walkyrie et Siegfried. Le
président du conseil Mario Monti, Milanais d’origine, a pour sa part bien
assisté à la première, ainsi que plusieurs de ses ministres, bien que la
position du gouvernement se soit considérablement fragilisée au cours des
dernières 48 heures, avec la perspective d’une possible nouvelle candidature
de Silvio Berlusconi aux législatives du printemps et même d’une chute du
gouvernement avant terme.
Le spectacle était mis en scène par
Claus Guth et dirigé par le maestro israélo-argentin Daniel Barenboïm,
depuis un an directeur musical de la Scala. Le rôle-titre était assuré par
le ténor allemand Jonas Kaufmann, qui a été chaleureusement applaudi.
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