ConcertClassic
Jean-Charles Hoffelé
 
Konzert, Paris, 12. März 2012
 
15 Mars 2012 - Jonas Kaufmann, Andris Nelsons et l’Orchestre de Birmingham au TCE – Fatigue - Compte-rendu
 
 
Très drôle : l’orchestre n’est pas installé, le public à peine, un jeune homme vient annoncer que Jonas Kaufmann chantera ses Strauss après l’entracte, au contraire de ce qu’indique le programme. Comprenez, si les aficionados voulaient quitter le concert avant la Deuxième Symphonie de Sibelius, impossible. Cela n’empêchera pas d’ailleurs une discrète hémorragie après ceux-ci. Evidemment, la salle s’esclaffe.

Suit une erreur fatale : Jonas Kaufmann chante ses Kindertotenlieder en clef de fa. Le placement tout en voix de poitrine lui interdit alors les aigus, il souffre, ses appuis se dérobent, il grimace, il s’enferre, tube, appuie, fait du son, oublie les mots. Andris Nelsons, visiblement peu versé dans la syntaxe mahlerienne ne l’aide pas : tempo fuyant, alors qu’il faudrait pour porter le ténor un rythme immuable, multitude de détails, d’accents, d’effets. On frôle plus d’une fois le naufrage. Mais quel ténor avait osé se risquer ici ? On rêve pourtant qu’aux temps héroïques où Mahler n’était pas du tout à la mode (et défendu seulement par une poignée de chefs-disciples) un Roswaenge (qui y aurait été royal sans transposer), un Patzak surtout - comme nous le souffle André Tubeuf - (tranchant lui dans les mots, avivant le récit) s’y soient attelés. Hélas non.

Entracte donc, suivent cinq Strauss simplement stupéfiants où Kaufmann avive les souvenirs de Wunderlich, d’Anders sans pourtant les égaler. Le mot toujours se dérobe pour le son, péché mortel chez qui se veut Liedersänger. Mais après-tout, Kaufmann l’est-il ? On applaudit à rompre sans se poser plus longtemps la question.

Suit une Deuxième Symphonie de Sibelius où l’orchestre, épuisé du Tristan de la veille (et quel !) s’enferre dans les tunnels d’une partition qui, si elle demeure si célèbre, n’en est pas moins, si l’on considère la Première Symphonie ou surtout Kullervo, une régression absolue de la forme, de la syntaxe, du vocabulaire du compositeur des Océanides. Mais soudain, lorsque commence le final (qui commence tôt et finit très tard), Andris Nelsons creuse l’orchestre, l’emporte, le cambre. Apothéose. On salue bien bas, en pensant tout de même qu’il est absolument inhumain d’imposer à tous ces musiciens un tel programme au lendemain d’une exécution de Tristan.




 






 
 
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