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Classica, juin 2011
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Monique Barichella |
Wagner: Die Walküre, Metropolitan Opera, 22. April 2011
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Wagner d'or et de ferraille
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LA WALKYRIE » AU MET DE NEW YORK A FAIT DATE AVEC SA DISTRIBUTION DE
RÊVE. MAIS ON RESTE SCEPTIQUE DEVANT LA MISE EN SCÈNE. |
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Kaufmann, Westbroek, Terfel : La Walkyrie annocée au Metropolitan
Opera de New York avait fait rêver non seulement tous les wagnériens de la
planète mais aussi chaque amoureux d'opéra normalement constitué.
Avec son décor de 45 tonnes incroyablement sophistiqué, le plus coûteux
de l'histoire du Met (il a fallu consolider le plateau!), le Ring du
magicien Robert Lepage promettait du sensationnel. Découvert au cinéma lors
de sa diffusion « live », L'Or du Rhin avait certes déçu, mais dans la salle
d'opéra certaines scènes devaient être bluffantes. Pari tenu pour
l'exceptionnel trio vocal de La Walkyrie: avec son timbre idéalement sombre,
son chant raffiné, Jonas Kaufmann aborde Siegmund avec panache.
Même si la voix semble désormais moins charnue, Eva-Maria Westbroek est la
Sieglinde du moment, ardente, frémissante, radieuse. Le couple est beau,
irrésistible. Face à eux, Hans-Peter König campe un Hunding à tous égards
impressionnant. Après Covent Garden, l'immense Bryn Terfel impose un Wotan
intense, nuancé et stylé, plus humain que majestueux, privilégiant les
fêlures et les contradictions du personnage. Trônant sur son fauteuil orné
de béliers, la Fricka de Stephanie Blythe justifie les incartades du dieu.
La Brünnhilde de Deborah Voigt n'est pas indigne, même si la voix est
devenue aigrelette. Enfin, juchées sur des planches qui semblent voler dans
l'espace, les méritantes Walkyries sont de premier ordre.
James
Levine, dont La Walkyrie est un des ouvrages de prédilection, est acclamé.
L'orchestre sonne superbement mais, sans élan ni passion, l'acte I s'étire :
Levine fignole et privilégie le détail. À l'acte II et plus encore au III,
on retrouve le grand chef égal à lui-même : le duo final et les adieux de
Wotan sont admirables. Hélas! l'ensemble du spectacle est plombé par le
dispositif scénique. Sorte de monstrueux robot «Transformer», le décor
dévore tout. Paradoxalement, quand il reste discret et immobile, certaines
images sont superbes, comme à l'acte I, avec ces troncs d'arbres argentés
sous la neige. Mais dès qu'il se déploie à vue et prend, non sans bruit, les
formes les plus inattendues, le gadget détruit toute magie. On ne retrouve
quasiment rien de l'univers poétique de Lepage avec sa foisonnante
inventivité. Focalisé sur sa « machine »> il néglige toute dramaturgie,
laissant ses interprètes tétanisés devant la rampe, quand ils ne sont pas
des alpinistes en danger. On n'a jamais vu Kaufmann les bras ballants,
presque empoté, et Westbroek aussi retenue. Unique moment d'émotion:
Siegmund expirant dans les bras de Wotan et reconnaissant à tâtons le visage
du père. Si Lepage se donne le temps d'une direction d'acteurs, tout est
encore rattrapable pour les deux ultimes journées et les trois Ring entiers
du printemps 2012.
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