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Le passage au
Festival de Munich de cette Tosca, venue de New York et en partance pour
Milan, se justifiait surtout par une
affiche attirante qui, malheureusement, n'a tenu aucune de ses promesses :
décors lourdset laids, éclairages malhabiles, costumes peu seyants,
direction d'acteurs décousue et surchargée de détails... Un environnement
problématique que même Jonas Kaufmann n'a pas pu faire oublier, handicapé
par une émission prudemment couverte, qui manque d'éclat. Devoir négocier
d'emblée un air
difficile l'oblige à brutaliser une ligne de chant qui s'assouplit ensuite,
l'opacité perpétuelle de cette voix peu italienne privant toutefois
Cavaradossi de la luminosité et du relief espérés, même au cours d'un
troisième acte intense. De surcroît, les directives de Luc Bondy nuisent à
la construction de son personnage, simple contestataire téméraire là où l'on
attendrait plutôt un artiste altier et idéaliste. Les indications
inconséquentes du metteur en scène disqualifient encore davantage la pauvre
Karita Mattila, enferrée dans une composition de jeune première, capricieuse
et immature, qui ne lui convient plus du tout. Une grande dame du chant peut
jouer Tosca tard, voire très tard, à condition d'adopter des attitudes
cohérentes avec son apparence physique du moment ; une nécessité ici perdue
de vue par cette artiste toujours attachante, mais qui s'épuise à simuler
des impétuosités de divette, alors qu'elle aurait dû plutôt bénéficier de
quelques cours intensifs de maintien. Musicalement même, l'expression manque
de rigueur : si « Vissi d'arte» reste un grand moment, l'ensemble du rôle ne
paraît qu'ébauché, déparé par de bizarres chutes de tension.
On passera
sur le Scarpia trivial et atone de Juha Uusitalo, et même sur la direction
correcte - mais peu engagée - de Fabio Luisi. Trop de faux luxe accumulé,
sans doute, pour une Tosca qui s'est révélée, en définitive, un
non-événement.
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