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Crescendo Magazine.be
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Erna Metdepenninghen |
Lohengrin de Wagner. Bayreuth, Festspielhaus, le 6 août.
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Lohengrin et Parsifal
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Au programme du festival de Bayreuth cet été : « Der Ring des Nibelungen »
pour la cinquième et ultime année dans la mise en scène peu réussie de
Tankred Dorst et dirigé par Christian Thielemann, « Die Meistersinger von
Nürnberg » dans la mise en scène encore toujours violemment contestée de
Katharina Wagner et dirigé par Sebastian Weigle, « Parsifal » dans la mis en
scène captivante de Stefan Herheim, dirigé par Daniele Gatti et une nouvelle
production de « Lohengrin » mise en scène par Hans Neuenfels et dirigée par
Andris Nelsons.
Commençons par le début très remarqué du jeune chef
Letton Andris Nelsons sur la verte colline. A la tête de l’excellent
orchestre de Bayreuth, il nous a fait entendre une interprétation fluide et
sensible, d’une grande transparence et pleine de finesses, mais ne manquant
pas de force dramatique. Peut-être son interprétation peut-elle encore
gagner en dynamisme et le son de l’orchestre briller avec plus de luminosité
et d’opulence ; mais de manière générale, la lecture de Nelsons nous a
envoûtés et les merveilleux piani de l’orchestre (Prélude) nous ont
transportés. Des louanges aussi pour les chœurs du Festival de Bayreuth
(préparés par Eberhard Friedrich) qui, fidèles à leur réputation, nous ont
de nouveau conquis par leur présence, leur homogénéité et beauté du son,
tout en s’adaptant aux exigences de la mise en scène qui les présente, la
plupart du temps, comme un groupe de rats (noirs, blancs et roses).
En effet le metteur en scène allemand Hans Neuenfels, « enfant terrible » de
69 ans et un des premiers adhérents du « Regietheater allemand » qui prône
la déconstruction des œuvres ne nous a bien sûr pas proposé une lecture au
premier degré de « Lohengrin ». Oubliez le Brabant du dixième siècle et le
chevalier envoyé par le Graal. Toute l’action se joue dans un décor
contemporain, surtout blanc et aseptisé, un laboratoire dans lequel «
l’homme » est étudié, analysé, manipulé (décors et costumes Reinhard von der
Thannen). Les hommes sont des rats qui s’adaptent aux circonstances
(changeant de vêtements mais gardant leurs queues pattes et griffes) mais
sont prêts à attaquer et sacrifier leurs sauveurs. Cela nous vaut des
costumes hauts en couleurs mais d’un goût assez douteux. Celui qui doit
humaniser la cohorte des rats est Lohengrin et il y parvient presque. Ce
n’est pas un vaillant héros ou preux chevalier mais un homme en pantalon,
chemise et cravate confronté à un roi chancelant en costume et un héraut en
jaquette. Elsa est surtout habillée en blanc et porte une magnifique robe
crinoline pour le mariage : cygne blanc qui contraste avec Ortrud (cygne
noir dans une robe semblable). Le cygne qui est sensé avoir amené Lohengrin
n’est présent que comme un oiseau plumé ou un grand jouet qui fascine Elsa
et Ortrud. Gottfried, le frère disparu que Lohengrin ramène à Elsa sort d’un
grand oeuf blanc et est un être assez hideux, mi-alien, mi-fœtus, qui se
libère de son cordon ombilical. Ce ne sont que quelques éléments de cette
mise en scène pleine d’images pas toujours faciles à déchiffrer, confuse et
souvent gratuite, avec des éléments comiques (maman rat qui traverse la
scène avec ses petits etc...) plus tôt potaches et surtout dérangeant la
musique. Comme moi, une part considérable du public n’a clairement pas
apprécié (ou compris ?) la façon dont Neuenfels a interprété le mythe
surnaturel du héros romantique confronté au monde des hommes.
Heureusement il disposait d’une distribution de chanteurs-acteurs
remarquables qui se sont investis dans cette mise en scène et l’ont aidée
considérablement. En premier lieu naturellement Jonas Kaufman, le
ténor-jeune premier allemand, la coqueluche du moment, qui débutait à
Bayreuth. Jeune et beau avec une présence scénique plus que convaincante il
est le Lohengrin rêvé. Sa voix au timbre chaud et assez dramatique s’est
plié sans problèmes aux exigences de la partition qu’il a interprétée avec
beaucoup de sensibilité, un beau legato, des nuances subtiles, combinant des
piani impalpables avec des accents héroïques et des fortissimi dramatiques,
le tout au service d’un interprétation intelligente et d’un style parfait.
Annette Dasch, aussi jeune et belle, était par contre une Elsa assez pâle à
la voix trop légère et au chant plutôt monochrome. Evelyn Herlitzius mettait
son tempérament dramatique au service d’Ortrud, machiavélique à souhait mais
vocalement beaucoup moins convaincante : voix dure et aigus criés.
Hans-Joachim Ketelsen, remplaçant le baryton italien Lucio Gallo,
initialement prévu, campait un Telramund honorable. Georg Zeppenfeld faisait
sonner sa belle voix de basse dans une interprétation attachante et Samuel
Youn était un Héraut solide et plein d’allure. Willem Van der Heyden, jeune
ténor flamand, à l’affiche de la Monnaie cette saison, était un des quatre
nobles.
Il faisait aussi parti de la distribution de « Parsifal »
pour la troisième année à l’affiche dans la mise en scène du Norvégien
Stefan Herheim qui propose une version aux lectures à plusieurs niveaux
combinant le livret de Parsifal entre autres avec l’histoire de l’Allemagne,
la vie de Wagner, Bayreuth et la villa Wahnfried . Ce « Parsifal » avec sa
surabondance d’idées et d’images reste fascinante même à la troisième
confrontation, pose encore toujours des questions et suscite de nouveau
l’admiration pour les prouesses de l’équipe technique du Festspielhaus
responsable pour les multiples changements de scènes et jeux de lumières que
demande cette production. Daniele Gatti parvient à mieux structurer sa
direction d’orchestre achevant finalement une unité dramatique au cours du
spectacle. La distribution est restée quasiment inchangée : Christopher
Ventris (Parsifal), Detlef Roth (Amfortas), Kwangchul Youn (Gurnemanz),
Thomas Jesatko (Klingsor) mais il y avait une nouvelle Kundry : Susan
Maclean. Vocalement elle répondait bien aux exigences du rôle mais son
interprétation manque encore de profondeur et de force dramatique. Les
chœurs étaient une fois de plus remarquables mais le chant des six Filles
Fleurs n’était pas du tout séduisant, voir assez pénible à écouter.
Le festival 2011 sera un festival sans « Ring des Nibelungen » mais avec des
reprises de « Lohengrin » (sans Kaufmann !), « Parsifal », « Die
Meistersinger von Nürnberg », « Tristan und Isolde » dans la mise en scène
de Christoph Marthaler et une nouvelle production de « Tannhäuser » dans une
mise en scène de Sebastian Baumgarten et dirigé par Thomas Hengelbrock. |
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