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Libération, 27/11/2008 |
ÉRIC DAHAN |
Beethoven: Fidelio, Paris, Palais Garnier, novembre/dècembre 2008
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«Fidelio» prend l’eau à Garnier
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Opéra. Malgré une bonne
distribution, la mise en scène de l’œuvre de Beethoven pèche par un excès de
minimalisme. |
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Absent depuis 1982 des deux scènes de l’Opéra de
Paris, Fidelio a fait son retour, mardi soir à Garnier, dans une nouvelle
production confiée à Johan Simons. Durant ces vingt-six années, l’unique
opéra de Beethoven, dont la Leonore est considérée comme le brouillon, ne
fut pas pour autant oublié dans la capitale. Dans les années 90, Stéphane
Braunschweig en livra sa vision géométrique et en noir et blanc, au
Châtelet, tandis que Patrice Caurier et Moshe Leiser présentèrent la leur,
naturaliste et émouvante, donnée en alternance avec Leonore au Théâtre des
Champs-Elysées. Ces productions ne firent pas plus l’unanimité que celle que
Gérard Mortier commanda à Wernicke pour Salzbourg à la même époque. Même si
cette dernière ne manquait pourtant pas d’intérêt.
Nouveaux dialogues. Le problème de Fidelio demeure structurel :
livret d’une faiblesse extrême, forme à mi-chemin de l’opéra et de
l’oratorio. Restent les inventions musicales et orchestrales, la très belle
écriture vocale et chorale. Pour certains, le fait que ces qualités soient
mises au service de grandes idées - à savoir la lutte contre la tyrannie,
pour la justice et la liberté - suffit à considérer Fidelio comme un
chef-d’œuvre.
Du Simon Boccanegra de Verdi que monta Johan Simons à Bastille, on a retenu
un plateau vide avec un rideau scintillant pour figurer la mer et quelques
chaises en plastique multicolores ; un grand ennui, également, dû à
l’absence de souffle, de rythme, de densité. Son dispositif pour Fidelio est
à peine moins minimaliste et «art contemporain», mais demeure ce manque de
ferveur qui confine à l’asthénie, un comble en la circonstance.
A cette distanciation lasse, il faut ajouter les nouveaux dialogues signés
Martin Mosebach forcément déconcertants. Il aurait fallu un chef et un
orchestre allemand pour transcender le spectacle. Malgré de très bonnes
idées musicologiques, la direction de Sylvain Cambreling manque de ce
surcroît de force, de vision qui galvanise. Certains effets sonores et
inventions sont bien rendus, mais la discipline beethovénienne n’est pas
encore dans les cordes de l’orchestre, encore moins dans les chœurs.
Timbre d’or. Du Don Pizzaro d’Alan Held au Rocco de Franz Josef
Selig, la distribution est de qualité, même si la soprano Angela Denoke est
moins convaincante dans le rôle, certes exigeant de Leonore, que dans Berg
ou Janacek. Dans celui de Florestan, Jonas Kaufmann confirme ce qu’on
écrivit l’an dernier de son Alfredo dans la Traviata sur la même scène :
timbre d’or, émission coulée, aigu épanoui, legato élégiaque.
Encore peu médiatisé, le ténor allemand a séduit le public français, cet
été à Montpellier, en duo avec Natalie Dessay, il y a trois semaines, seul
avec son pianiste sur la scène de Garnier, Enfin, avec Romantic Arias sorti
chez Decca et qui l’impose, tout du moins au disque, comme ténor de l’année.
Assurance et puissance de grand fauve, aigu éblouissant, raffinement
naturel, Kaufmann est le nouveau chéri de ces dames dans les tubes de Verdi,
Puccini, Massenet, Berlioz, Wagner et Gounod. |
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