OPÉRA MAGAZINE, France
GÉRARD MANNONI
Puccini: Tosca, London, ROH, 12. Mai 2008
ROYAL OPERA HOUSE, COVENT GARDEN, 15 MAI
 
Distribution hétéroclite pour cette reprise de la production 2006 de Tosca, qui avait vu les débuts scéniques d’Angela Gheorghiu dans le rôle-titre une valeur montante du chant italien, un ténor parmi les plus recherchés du moment et un vétéran à bout de souffle. Le tout sous la baguette vigoureuse, tonique, précise, souvent même très imaginative, d’Antonio Pappano.

Dans l’étrange spectacle de Jonathan Kent, où la direction d’acteurs paraît d’autant plus minimale qu’elle est écrasée, pendant les deux premiers actes, par le décor hyper figuratif et compliqué de Paul Brown, ces trois chanteurs ont essayé de camper leurs personnages respectifs avec des bonheurs divers. Commençons par le pire: Paolo Gavanelli n’a vraiment plus les moyens d’interpréter Scarpia, surtout dans un théâtre de cette renommée. Voix plate, presque parlée en permanence, qui tente de compenser l’absence de ligue par des accents violents rappelant un peu le tout dernier Gobbi (sans la formidable personnalité scénique de ce dernier). Pas encore célèbre mais déjà bien connue, Micaela Carosi est incontestablement une Tosca. L’instrument est solide — sauf dans le bas médium, encore incertain —, avec un aigu facile et large, un souffle bien libéré et une vraie puissance. Malgré un léger défaut de justesse dans la fin de « Vissi d’arte », elle assume l’ensemble du rôle avec vaillance et conviction. Et on lui pardonnera, dans le désert théâtral de la mise en scène, ses minauderies au premier acte.

Adoré du public londonien, Jonas Kaufmann impose un Cavaradossi magistral. Faut-il rappeler qu’il a sans doute le plus étonnant physique de ténor depuis Franco Corelli ? La voix, on le sait, est également superbe timbre rayonnant, puissance (le « Vittoria» de l’acte II!), interprétation entièrement centrée sur la musique et jamais sur la recherche de l’effet. On a rarement entendu les nuances de flien, Jonas Kaufmann impose un Cavaradossi Puccini respectées à ce point. Cette priorité absolue accordée à la partition, doublée d’une belle intelligence, distingue le ténor allemand de la grande majorité de ses collègues et le place dans les tout premiers rangs actuels. On attend avec impatience ses prestations parisienties de la saison 2008-2009 (notamment Fidelio à la Bastille) et la sortie en France de son récital d’airs d’opéras chez Decca, déjà paru à l’étranger. Parmi les rôles dits secondaires, signalons la forte présence du jeune Lituanien Kostas Smoriginas en Angelotti.






 
 
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