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Sud Ouest Gironde, 27 novembre
2007 |
Luc Bourrousse |
Récital, Grand-Théâtre, Bordeaux, le 26/11/2007
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Faisons simple : Jonas Kaufmann est l'un des
plus formidables ténors actuellement en activité, et plus globalement un
magnifique artiste. Son art de diseur s'impose d'emblée dans la longue «
Bürgschaft » de Schubert, qui aura rarement paru aussi captivante, servie
qu'elle était par un sens de la narration, de l'architecture aussi bien
dramatique que musicale, une maîtrise de la dynamique, une perfection
d'élocution absolument exceptionnels. Et quelle voix ! Sûrement les
magnifiques « Sonnets de Michelangelo » de Britten ont rarement été chanté
avec cette somptuosité de couleurs, cette chaleur italienne dans le timbre,
cette pure splendeur vocale.
Les Strauss sont plus superbes encore, de « All mein Gedanken » jusqu'à
l'ultime « Zueignung », aussi attendue que somptueuse, en passant par
l'extase d'une « Freundliche Vision » d'anthologie. Tout cela palpite et vit
avec une intensité et une évidence exemplaires, sans jamais frôler le
maniérisme ou sombrer dans le cérébral. Un bonheur absolu, dans lequel le
piano expressif de Helmut Deutsch tient une part non négligeable.
On ne s'étonne guère que Jonas Kaufmann fasse salle comble dans les
capitales où il se produit d'ordinaire, et que l'on se soit même déplacé de
Paris pour venir l'entendre : mais ce public enthousiaste d'hier soir, par
sa terrible maigreur, laisse songeur quant à la réelle stature artistique
d'une ville qui veut se rêver en capitale culturelle, et dans laquelle il ne
s'est pourtant pas trouvé plus de trois cents personnes pour venir applaudir
un pareil artiste...
Hier soir au Grand-Théâtre de Bordeaux. |
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