Le Devoir, Canada, 24 décembre 2010
Christophe Huss
Le grand opéra romantique
 
 
Massenet: Werther (Decca). Le hasard du calendrier nous apporte un DVD de référence de Werther juste avant la présentation de cet opéra à Montréal, à la fin de janvier. Nous sommes à l'Opéra de Paris en janvier 2010, la scène parisienne reprenant un spectacle monté à Londres en 2004. Le metteur en scène est le très respecté cinéaste Benoît Jacquot, qui s'est intéressé précédemment à Tosca, dont il a fait un film-opéra. Le Werther de l'Opéra de Paris est magique, puisqu'il associe dans la fosse le plus grand spécialiste vivant de l'opéra français, Michel Plasson, et sur scène le magnétique Jonas Kaufmann, acteur-né et voix de ténor barytonnante, idéale pour le rôle. Face à un tel archétype physique du héros romantique, Sophie Koch, habituellement plutôt inerte, se montre ici parfaitement investie. Il y a dans ce spectacle des moments magiques, uniques, notamment l'acte III, qui s'imprégnera dans votre chair. Ce spectacle brûlant est aussi l'occasion de noter le fossé entre la distinction de la captation visuelle d'un opéra en Europe et la vulgarité agitée qui parasite bien des réalisations du Metropolitan Opera. Ici, la configuration est on ne peut plus optimale, puisque le réalisateur est Benoît Jacquot lui-même. Son film est un modèle.
 
 






 
 
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