|
|
|
|
|
Culturebox, 07/11/2013 |
Par Bertrand Renard |
|
Jonas Kaufmann célèbre dix fois Verdi
|
En
cette année Verdi-Wagner-Poulenc, les stars du chant lyrique sont nombreuses
au rendez-vous des disquaires, comme si ce triple anniversaire les
galvanisait. Revue de détail, en commençant par Verdi, le mieux représenté.
The Verdi album : le ténor le plus complet pour chanter
Verdi
Et dans Verdi (mais pas que !) le plus grand ténor
d’aujourd’hui, Jonas Kaufmann. Plus exactement (car je me suis déjà mis à
dos les admirateurs de Roberto ou de Luciano) le plus complet. Et même le
seul complet. Alagna chante les répertoires italiens et français, Pavarotti
ne chantait que l’italien. Kaufmann l’italien, le français et aussi
l’allemand… sa langue natale! Et dans le style à chaque fois, alors que ce
sont des écoles différentes. Avec bien entendu toutes les qualités que l’on
aime chez un ténor : la souplesse, l’éclat, la ligne de chant (superbe), les
aigus (royaux). Mais un plus : des nuances pianissimo de rêve, aussi sur les
notes hautes, ce qui est rarissime (Montserrat Caballé, en soprano, en fit
sa marque de fabrique !)
Dans Verdi qu’il a déjà chanté sur scène
(Alfredo ou Don Carlo), on l’attendait sur tout un disque : dix personnages
et la nécessité de les caractériser, de ne pas faire « 10 fois Kaufmann ».
Ce n’est pas toujours le cas (mais quelle prononciation !).
Magnifique « Don Carlo » (son « Io l’ho perduta » !). Très beau Gabriele de
« Simon Boccanegra », à la fois clair et sombre. Manrico du « Trouvère » aux
aigus sublimes. Un Radamès inattendu, tourmenté : qualité principale de
Kaufmann, jamais meilleur qu’en héros torturé. Défaut : en faire trop dans
ce répertoire, forcer la voix jusqu’aux larmoiements (dans « Luisa Miller »
ou « La force du destin »). Un tic (et qu’on finit par guetter) : cette note
haute détimbrée, en forme de sanglot, systématique (dans l’opéra italien car
il ne l’a pas dans l’opéra allemand). Une vraie déception : le fameux « La
donna è mobile » de « Rigoletto », engorgé, presque lugubre, alors que l’air
est l’insouciance même. Et un « Otello », certes un peu écrasant, qui le
résume : la douceur et la douleur, la puissance et la tendresse.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|