Classica, décembre 2012
André Tubeuf
 
Un tiercé gagnant
GHEORGHIU, KAUFMANN ET TERFEL : TROIS ARTISTES EXCEPTIONNELS RÉUNIS POUR UNE « TOSCA » DE RÊVE : POUVAIT-ON ESPÉRER PLUS BELLE AFFICHE?
 
Prendre les trois chanteurs les meilleurs au monde dans leur emploi, bons acteurs en outre, et les mettre dans un cadre ressemblant. Il peut y avoir d'autres recettes pour Tosca de Giacomo Puccini. Mais il n'y en a pas de meilleure. L'action y est si physique, elle y va son train, si intimement liée au geste et au chant : y ajouter, c'est faire redondance ou, plus souvent, tuer. Tosca vit ici d'une vie scénique simplement formidable, incarnée jusqu'au bout du geste et jusque dans le détail du regard et de l'inflexion par trois acteurs/chanteurs idéaux, dont même les possibles (relatives) faiblesses ou bizarreries vocales conviennent au portrait. Angela Gheorghiu joue ici avec une virtuosité assassine d'une plastique du souffle, et du son sur le souffle d'une souplesse incomparable, qui masque constamment (c'est admirablement capté) que son timbre et sa vibration désormais très économes pourraient se perdre dans le tissu orchestral. Quant à Jonas Kaufmann, il est maître absolu, ici, du même jeu diabolique (et à risques, on l'a vu depuis) sur la fausse demi-teinte. Ici il réussit tout, et un début idéaux, dont même les possibles (relatives) faiblesses ou bizarreries vocales conviennent au portrait. Angela Gheorghiu joue ici avec une virtuosité assassine d'une plastique du souffle, et du son sur le souffle d'une souplesse incomparable, qui masque constamment (c'est admirablement capté) que son timbre et sa vibration désormais très économes pourraient se perdre dans le tissu orchestral. Quant à Jonas Kaufmann, il est maître absolu, ici, du même jeu diabolique (et à risques, on l'a vu depuis) sur la fausse demi-teinte. Ici il réussit tout, et un début d'« E lucevan » mémorable, même par ses standards à lui. Bryn Terfel à volonté bénin ou léonin, toujours dangereux, joue de ses mots et de ses gestes, de tout un éventail de projections en artiste raffiné, se contentant de suggérer de quel poids immense il pourrait tout écraser autour de lui. Comprimarii locaux, plus fluets. Splendide Orchestre et Choeurs de Covent Garden, splendide Jonathan Kent, splendide Antonio Pappano. Production no-nonsense, comme ils disent làbas. Et cela nous fait une Tosca « live » simplement imbattable.




 
 






 
 
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