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Le Podcast Journal, 3.12.2008 |
Christian Colombeau |
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NOUVEAUTE DISCOGRAPHIQUE: Jonas Kaufman
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A la découverte d'un ténor bourré de talents |
Jonas Kaufmann est munichois. Jonas Kaufmann est beau, d’un sex appeal
irrésistible.
Mais Jonas Kaufmann est ténor aussi. Avec sans doute la voix la plus
surprenante du moment.
Artiste à la prudence exemplaire, d’une ascèse que bien d’autres devraient
imiter, c’est après des débuts exemplaires dans sa ville natale puis à
Saarbrücken, ayant alors trouvé une vraie assise vocale, qu’il commença à
écumer les opéras du monde, de La Scala, à Salzbourg, de Zürich et Edimbourg
au Met.
Enthousiasme permanent de la presse spécialisée, soulignant aussi son talent
d’acteur, et affirmant ainsi la vraie relève des Wunderlich, Schock ou
Anders.
Le présent disque récital évite le piège de la traditionnelle carte de
visite. Un chapelet d’airs connus que notre artiste éclaire toutefois d’un
jour nouveau, avec une voix ensoleillée comme on croyait perdu depuis des
lustres, chaude, prenante, électrisante, aux demi-teintes sidérantes de
velouté, aux aigus lancés comme des javelots.
Sans l’ombre d’une difficulté. Sans orgueil.
Neuf compositeurs se taillent la part du lion pour les débuts
discographiques du valeureux ténor.
Bizet et Massenet, il connaît. Don José de Carmen comme d’ailleurs Werther
et Des Grieux de Manon rappellent irrésistiblement le Gedda de la grande
époque avec ce rien d’accent qui jamais ne nuit au chant ni à la
caractérisation. Quel éclat, quel mordant dans la diction ! Quelle
délicatesse dans les nuances !
Dans Berlioz (Damnation) et surtout Gounod (Faust) il bat de cent coudées
les récentes prestations télévisées de qui vous savez.
Chez les italiens, match nul. Verdi (Don Carlo, Traviata et Rigoletto) et
Puccini (Bohême, Tosca) manquent d’un soupçon d’italianità car la vaillance
guerrière teutonne apparaît derrière chaque intention, mais on ne peut que
fonde devant la richesse du timbre, la finition de la technique, la poésie
musicale.
C’est alors bien sûr dans le répertoire allemand que le charme opère sans
doute le plus.
Wagner, Flotow, Weber en sortent comme décapés par la simple beauté
rayonnante du timbre, la qualité de l’étoffe vocale, souple, lustrée,
homogène sur toute son étendue, et ce legato exemplaire, ce mordant, cette
étonnante franchise des attaques.
Tour de force de l’entreprise, nous faire croire aux personnages
caractérisés, ce qui nous éloigne des anthologies soporifiques gravées à ce
jour.
L’accompagnement de Marco Armiliato à la tête de l’Orchestre Philarmonique
de Prague n’est pas qu’un simple fond sonore à la gloire de Jonas. D’un
soutien constant, à l’écoute du chanteur, il déroule un très chatoyant tapis
sonore. On se devait de le relever.
En cette fin d’année 2008 Jonas Kaufmann chante Fidélio à l’Opéra Bastille
de Paris. On peut tenter sa chance pour avoir des places. |
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