Les Temps.ch, 31. Oktober 2009
P. M.
Die schöne Müllerin de Franz Schubert, par Jonas Kaufmann
 
Quand en juillet dernier Jonas Kaufmann donne à Munich La Belle Meunière, il chante aussi Lohengrin à l’Opéra. Légère fatigue? Qui se marquerait par un voile, quelque chose de râpeux dans le timbre? La voix est héroïque, très différente des ténors suaves et des barytons de velours. Mais dans le murmure, elle se fait si souple, le legato est si parfait, le souffle si contrôlé, qu’on se rend à tant de musicalité, à ce prodigieux sens du texte, à cette sensibilité qui passe avec une immédiateté électrisante. Vertu du concert public: la présence est physique, virile, musclée. Cette façon de se jeter dans la musique – portée par le piano intense d’Helmut Deutsch – donne au cycle l’évidence de sa trajectoire. D’abord insouciant, enthousiaste, le jeune meunier va se jeter tête baissée dans la désillusion, la jalousie et les déchirements d’un amour trahi. L’auditeur en sort bouleversé.
 






 
 
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