Diapason, Juillet 2010
M.P.
Lohengrin
 
Juillet 2009 à Munich. Prise de rôle très attendue, celle de Jonas Kaufmann qui aborde enfin Lohengrin. Voix souple, timbre sombre, chant intelligent et nuancé: Wagner est magistralement servi, et apparence soigneusement cultivée par l’interprète (cheveux frisés en bataille, barbe de plusieurs jours), dégage le héros des blondeurs évanescentes aux vagues reflets aryens. Cet envoyé du Graal, qui délivre un In fernem Land” rêveur et douloureux, sort de l’aventure plus humanisé et non moins séduisant. Face à lui, une EIsa un rien prosaïque, Anja Harteros, comédienne plus ordinaire qui trouve pourtant au troisième acte des accents dignes de son partenaire. Un peu brut de décoffrage, le Telramund de Koch n’en est pas moins impressionnant, de même que l’Ortrud vibrante (mais aussi stridente) de Schuster. L‘émouvant Heinrich de Christof Fischer, le Héraut sonore de Nikitin sont à la hauteur. On ne peut pas dire que la direction de Kent Nagano, très sèche, brille par son lyrisme. Quant à la mise en scène de Richard Jones, passablement chahutée, elle laisse pantois. Passe encore qu’on ne sombre plus, aujourd’hui, dans l’exotisme médiéval. Mais voir pendant deux actes Elsa, on salopette, une truelle à la main, construire as maison, finit par lasser. Qu’elle se bâtisse ainsi un univers petit-bourgeois conforme à ses aspirations est une chose l’exprimer de manière si puérile (et dénuée d’humour) on est une autre. Une fois encore, ceux qui n’ont jamais vu l’ouvrage se poseront des questions envoyant ce DVD, par ailleurs trop prodigue en gros plans qui ne flattent pas les chanteurs. Les autres écouteront, les yeux fermés.



 
 






 
 
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