Classica, 1 septembre 2016
André Tubeuf
 
Fidelio
On a assez constamment admiré la rigueur intellectuelle de Claus Guth, sa fantaisie poétique créatrice aussi pour pouvoir face à ce Fidelio de Salzbourg 2015 dire non. Non, ce n'est pas une bonne idée de supprimer le parlé de Fidelio, qui en fait toute l'action lisible ; non ce n'est pas une bonne idée de mettre à la place du...bruitage ; et c'en est une détestable de flanquer Leonore et Pizarro chacun d'un double dansottant et signifiant, qui décentre absolument les personnages et distrait de ce qui devrait être l'essentiel, et suffire : la vérité du chant, qui est en l'occurrence celle de la solitude. Beethoven grince... Qui sait par cœur son Fidelio y survit. Mais les autres ? Car la cause de Fidelio est loin d'être gagnée côté public, à qui on fait ici la concession (dramaturgiquement rendue mutile par les décors tels qu'ils sont aujourd'hui) d'une Leonore III d'ailleurs superbe, pour qu'il ait son moment de plaisir. Fable expressément sur l'amour conjugal? Certes. Mais ce Florestan qui s'est fait sa propre prison semble peu disposé à reprendre ses chaînes conjugales. Tout cela est bien cherché, bien forcé. Chant et présence également superbes chez Pieczonka et Kaufmann, Rocco banquier et lacquino clerc de banque convaincront moins et Pizarro semble faire exprès de chanter plus mal que nature. Ensemble pervers, avec vertus musicales transcendantes.






 
 
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