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Altamusica, 07/07/2011 |
Gérard MANNONI |
L’étincelle Abbado
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Qui
en était vraiment conscient ? Claudio Abbado n’avait jamais enregistré
Fidelio. C’est chose faite grâce à la prise en direct réalisée au
concert donné au festival de Lucerne 2010. Et quel concert ! C’est
d’ailleurs du chef qu’il faut parler en premier, même si Jonas Kaufmann,
Florestan, est une fois encore assez stupéfiant lui aussi.
La
direction d’Abbado à la tête du Mahler Chamber Orchestra et du Lucerne
Festival Orchestra réunis est d’une nouveauté et d’une intelligence qui
fascinent. On croirait presque n’avoir jamais entendu cette partition
pourtant abordée par les plus grands chefs de l’époque. Jamais l’œuvre
n’est apparue à ce point comme l’opéra des Lumières, celui qui contient
toutes les généreuses idées que Beethoven portait en lui et qu’il tenta
à diverses reprises de placer au cœur de son œuvre.
Aucune
pesanteur n’apparaît dans l’orchestration qui sonne au contraire comme
le vif-argent, avec une vitalité et une énergie permanentes qui
emportent irrésistiblement l’œuvre vers son dénouement non seulement
musical mais idéologique. Magistral.
La distribution est un peu
inégale, sans vraiment gâcher notre plaisir. Jonas Kaufmann est
un Florestan incomparable d’élan, de passion, de force dramatique, de
qualité vocale. Nina Stemme, grande voix certes, n’a
malheureusement pas un timbre capable de susciter l’émotion. À des
années-lumière d’une Martha Mödl, pourtant souvent à la peine dans cette
tessiture mais irremplaçable d’intensité, ou d’une Leonie Rysanek, reine
absolue du rôle de Léonore à tous égards.
Les autres sont assez
bons, sauf le Pizzaro de Falk Struckmann décidément en perte de voix.
Les chœurs sont formidables et l’ensemble reste d’un niveau unique
aujourd’hui. |
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