Diapason, Été 2016
Didier Van Moere
 
An Evening with Puccini
Les kaufmannolâtres n'ont pas manqué la retransmission au cinéma, mais ils voudront à coup sûr conserver cet « Evening with Puccini » du 14 juin 2015. D'autant plus qu'il ne recoupe pas totalement le disque (« Nessun Dorma », cf. n° 439) gravé neuf mois auparavant avec Antonio Pappano : le play-boy du lyrique a chanté à Milan des extraits des Villi et d'Edgar, mais pas de La Bohème, de La Rondine, du Tabarro ou de Gianni Schicchi. Voix de bronze et de velours, aigus inébranlables, phrasé généreux sans dérive « vériste » qui nous valent un superbe « E lucevan le stelle » ému et jamais sangloté : les qualités du ténor allemand sont là. Sa tendance à blanchir les nuances aussi. L'émission, elle, semble un peu moins sombrée dans le médium, plus naturelle que sur le CD, ce qui préserve davantage l'homogénéité de la tessiture — live contre studio ? Triomphe, évidemment, avec quatre bis où il fait un peu l'école buissonnière en donnant dans le sulpicien (Ombra di nube de Refice) ou le napolitain (Non ti scordar di me de Curtis). Le dernier est un « Nessun dorma » à la fois incandescent et extasié, pour lequel le ténor, trop cool, défait son noeud papillon aidé par le chef. Reste que le routinier Jochen Rieder n'est pas Pappano, mais ne jouons pas les esprits chagrins... Et puis Jonas, sur le Preludio sinfonico de 1880 en fond sonore, nous raconte la vie de Puccini, qu'on retrouve dans sa villa de Torre del Lago ou se promenant en barque sur le lac à travers des films d'époque. Figurez-vous qu'il avait un « appétit insatiable pour les bolides et les jolies femmes » et que « personne ne sait émouvoir comme lui l'âme et le coeur de l'auditeur ». Merci, Jonas !
 






 
 
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