Classica, mai 2016
par André Tubeuf
 
JONAS KAUFMANN SUPERSTAR À LA SCALA DE MILAN
Cette captation d'un concert voit le célèbre ténor acclamé à tout rompre par un public pourtant réputé difficile. Dans Puccini, Kaufmann rayonne !
 
En juin dernier, Jonas Kaufmann donnait un récital d'airs de Puccini à la Scala. Le ténor reçut quarante minutes d'ovation et fit la une des journaux télévisés italiens. Pendant l'exécution du Preludio Sinfonico, ce DVD qui se veut aussi documentaire fait défiler de précieuses images d'archives où apparaît Puccini. Jonas Kaufmann évoque son rapport avec sa musique. On passera sur les intermezzi conduits par Jochen Rieder, la Scala ne fait briller ses ors ce soir que pour montrer notre ténor superstar en sa très réelle superforme (du moment). Puccini lui-même va varier ses propres niveaux. Rien dans les airs assez rhétoriques de Le Villi (" Ecco la casa ") puis Edgar (" Orgia, chimera dall'occhio vitreo ") ne montre vraiment sa patte. Manon Lescaut le fait, certes, mais avec une telle brièveté serrée et typique, un tel incendie vocal que Jonas ne peut cacher dans " Donna non vidi mai " et " Guardate, pazzo son " qu'il est, comme ténor, plus allemand qu'italien. Mais " E lucevan le stelle ", le très superbe " Or son sei mesi " de Dick Johnson (avec des attendrissements et intériorisations parfaitement en situation), enfin " Nessun dorma " l'exposeront à son plus rayonnant, laissant même l'aigu, çà et là, s'épanouir comme en liberté. Bis souverains, " Recondita, Ch'ella mi creda ", les très bienvenues mélodies " Non ti scordar di me " et surtout le splendide " Ombra di Nube ", enfin derechef " Nessun dorma " où Jonas se paye le luxe (charmant) de se planter et se reprendre, tout montre un héros ténor au sommet artiste de ce qu'il a aujourd'hui de moyens, qui se sont resserrés, à la fois plus économes et plus savamment projetés. Mais qu'on est loin de Caruso, qui fut (le documentaire l'expose assez) le ténor Puccini type !
 






 
 
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