Musikzen
François Lafon
 
Quête de sens - Un exploit de plus au palmarès de Jonas Kaufmann
Trois airs et un duo : rien d’autre, selon ses détracteurs, à sauver dans l’Andrea Chénier de Giordano, dramatiquement bancal et musicalement inégal, où l’on va pour le ténor, éventuellement la soprano, plus rarement le baryton, encore moins souvent le chef et jamais la mise en scène. Ténor star au Covent Garden avec Jonas Kaufmann, crédible en poète torturé (au propre comme au figuré), soprano inattendu avec Eva-Maria Westbroek, voix rugueuse, pas du tout italienne, mais artiste inventive même dans ce rôle d’amoureuse de convention, baryton-méchant sans surprise avec l’inévitable Zeljko Lucic, petits rôles à l’ancienne (Rosalind Plowright, Denyce Grave), chef (Antonio Pappano) emportant pépites et scories dans un même mouvement, metteur en scène (David McVicar) ne cherchant pas de second degré là où il n’y en a pas, maniant sans complexe l’image d’Epinal pour peindre une France révolutionnaire réduite au rôle de toile de fond. Les fans de l’ouvrage ne seront pas dépaysés, et ceux de Kaufmann seront comblés en découvrant que, là où même Corelli, Pavarotti, Bergonzi et Domingo se contentaient de ténoriser, leur idole cherche du sens, et en trouve.






 
 
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