|
|
|
|
|
L'Orient le Jour, 04 Janvier 2014 |
Edgar Davidian |
|
Jonas Kaufmann, ou la voie royale d’un ténor
|
|
Une voix et un physique qui ne courent pas les rues. Héros romantique par
excellence, Jonas Kaufmann, 44 ans, a déjà reçu plus de vingt distinctions
et récompenses. Dont plusieurs Diapason d'or et la dernière en date est le
Bayerisher Kammer Sänger. Lumière sur un ténor bavarois haut de gamme.
L'histoire est comme un conte de fées. Avec sourire, promesse des
premiers essais concluants, paillette, projecteurs, costumes de scène et
succès retentissants. Choriste et soliste pour des chants où les enfants
apprennent discipline et pouvoir des feux de la rampe, Jonas Kaufmann, loin
de passer inaperçu, est vite repéré. Et retenu.
Retenu pour des
études musicales dans sa ville natale, Munich, il sera l'élève très doué et
apprécié de plusieurs professeurs, dont Josef Metternich.
Voix ample
et puissante, presque rare avec ses infinies nuances et ses éclats sombres,
Jonas Kaufmann a aussi un atout physique capital. Celui de jeune premier.
Avec ses cheveux bouclés noir de jais, sa carrure de rugbyman ou de
footballeur, son regard d'épervier rapace, ses dons de comédien, il
accumulera, dans sa jeune et brillante carrière, les rôles de héros
romantiques. Braves, intrépides, séduisants et transis d'amour. Jolie
palette pour des émotions qui sont la tessiture même de l'art lyrique. Éclat
de l'union de la beauté et du talent.
Ce qui fait rêver ces dames et
rend, à juste titre, un peu jaloux les hommes qui ne dénient guère toutefois
l'exceptionnelle beauté de sa prestation vocale et de sa capacité de passeur
d'émotion intense.
Bien sûr ce sont les lieds qui l'attirent et il en
chante partout dans ses nombreux voyages et récitals, tout en peaufinant et
aiguisant les caractères de ses personnages avec les partitions et les
livrets de Mozart, Offenbach, Bizet, Strauss, Verdi et Berg.
La
révélation et l'envol de sa carrière ont lieu en 1999 au Festival de
Salzbourg où il campe le Dr Faust de Gounod. Dès lors, les contrats pleuvent
et les sollicitations ne se font plus attendre.
Infatigable voyageur,
Jonas Kaufmann sera un adroit jongleur avec le temps et les latitudes. Le
public l'applaudira aussi bien dans le chevalier Des Grieux que Florestan,
et il sera tour à tour Néron, Tamino, Alfredo, Caravadossi et Don Carlo...
Il hantera, sous les applaudissements nourris, les scènes d'Amsterdam,
Hambourg, Bruxelles, Turin, Londres, la Bastille de Paris et le Métropolitan
de New York.
Pour ces fêtes, quoi écouter de ce ténor hors pair et
dont la discographie donne déjà l'embarras du choix ?
Vers ce qui a
défrayé la chronique, enthousiasmé public et critiques, et fait sa
réputation, bien entendu, on mettrait volontiers par conséquent sur la
platine les Arias romantiques (Decca) sous la baguette de maestro Marco
Armiliato.
Mais tout aussi bien seraient bienvenus les Verismo Arias
(aussi chez Decca) avec pour chef d'orchestre Antonio Pappano ou, pour
rester exclusivement dans le sillage du génie de Roncole, l'Album Verdi
(Sony) sous la férule de Giorgio Morandi.
Plus qu'un petit bonheur,
une écoute qui gomme le temps et brise les chaînes de toutes les servitudes.
Un voyage éthéré vers un monde où le chant a le pouvoir d'un lever de
soleil, la chaleur des promesses qui réconcilient avec la vie...
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|