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Opéra, Mars 2009 |
par Richard Martet |
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Repos absolu
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ÉDITO MARS 2009 |
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Repos absolu. Nous finissions par croire que
ces deux mots avaient disparu du vocabulaire des chanteurs d’opéra, en ce
début de XXI’ siècle. Ils figurent pourtant sur le certificat médical envoyé
par Jonas Kaufmann à Venise, au début du mois de février, pour justifier son
forfait pour les représentations de Roméo et Juliette prévues à la Fenice.
Nous ignorons pourquoi le ténor allemand a eu besoin de cette période de
repos et nous espérons que ce n’est pas pour un motif grave (le communiqué
de presse de la Fenice parle d’infortunio et le site officiel du chanteur
d’illness). Mais n’était-ce pas ce qui pouvait arriver de mieux à un artiste
dont l’agenda, depuis deux ans, s’est emballé à un rythme alarmant?
Ces derniers mois, Jonas Kaufmann a donné l’impression de se laisser
emporter par la spirale de la célébrité, trouvant, par exemple, le moyen
d’enregistrer un nouveau récital à Parme et de donner des concerts à Dresde
et à Moscou entre les représentations de Fidelio au Palais Garnier. Est-ce
là le meilleur moyen de préserver son capital vocal ? Nous en doutons. Et
pour un Placido Domingo d’une fraîcheur étonnante après quelque quarante
années de ce régime, combien de carrières prématurément abrégées!
Rolando Villazon s’est également arrêté pendant plusieurs mois en 2007
(pour Jonas Kaufmann, il n’est heureusement question que de quinze jours),
avant de reprendre un parcours un peu en dents de scie. Il vient ainsi
d’annuler les deux dernières représentations de Lucia di Lammermoor au
Metropolitan Opera de New York, après avoir connu, le soir de la première,
des accidents vocaux rappelant ceux de son Don Carlo au Covent
Garden en 2008. Annoncé souffrant par Peter Gelb à l’entracte (comme cela
avait été le cas à Londres, le 14 juin), nous espérons qu’il ne s’agit que
d’une méforme temporaire. Lui aussi, en tout cas, allège son calendrier: il
a renoncé à Iolantha de Tchaïkovski en juillet prochain à Baden Baden, aux
côtés d’Anna Netrebko.
Il est courant de faire porter la responsabilité de ce surmenage aux
agents artistiques. Pour tirer le maximum de profits de leurs poulains, ils
les soumettraient à une cadence de représentations et de concerts infernale.
C’est parfois vrai, mais pas toujours. Beaucoup d’agents mettent leurs
artistes en garde contre un agenda surchargé ou une prise de rôle trop
risquée, sans pouvoir les empêcher d’accepter. Même chose pour les
directeurs de théâtre qui, s’agissant de vedettes idolâtrées par le public,
n’ont pas le pouvoir de leur interdire d’aller cachetonner à droite à gauche
entre les représentations, sous peine de les voir déguerpir vers une maison
plus conciliante.
Car c’est bien là le problème. Kaufmann et Villazon ne chantent pas
davantage que beaucoup de leurs aînés. Mais ils le font dans des conditions
moins favorables qu’il y a encore quarante ans, en raison notamment de
l’accélération des moyens de transport. Sauter d’un avion àl’autre, terminer
dans la nuit un enregistrement àVienne et se produire le lendemain soir à
Londres ou à Madrid, a tôt ou tard son prix. Sauf répétons-le, dans le cas
de Placido Domingo, d’une certaine manière l’exception qui confirme la
règle. La carrière de l’extraordinaire ténor espagnol peut légitimement
servir de modèle à ses jeunes collègues. Mais pas en ce qui concerne
l’emploi du temps! |
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