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Forum Opera, 28 Mars 2020 |
Par Claire-Marie Caussin |
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Beethoven: Fidelio, Royal Opera House London, ab 1. März 2020
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Fidelio à Londres : Jonas Kaufmann plus fort que le Démon
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Si les représentations de Fidelio
réunissant Jonas Kaufmann et Lise Davidsen sur la scène du Royal Opera House
n’ont pas pu avoir lieu en intégralité en raison de l’épidémie de Covid-19,
les auditeurs de France Musique ont malgré tout pu profiter du spectacle
hier soir. La radio avait en effet décidé de déprogrammer Le Démon de
Rubinstein, initialement prévu, pour proposer l’unique opéra de Beethoven
avec une distribution de premier ordre.
Cette captation réalisée
quelques jours avant la fermeture du ROH a en effet permis d’entendre la
Leonore de Lise Davidsen, qui ne cesse d’impressionner à chacune de ses
apparitions. Depuis son premier album consacré à Wagner et Strauss, paru il
y a quelques mois, la voix a encore gagné en rondeur, en profondeur et se
pare d’une teinte de plus en plus sombre dans le medium. Cela n’empêche
nullement des aigus éclatants, bien projetés, et on apprécie une voix certes
large, mais que la chanteuse a l’intelligence de ne jamais grossir. Aucun
doute qu’après avoir davantage interprété le rôle sur scène, la jeune
soprano sera capable d’y mettre plus de nuances et d’en révéler plus de
facettes, et d’en devenir l’une des meilleures interprètes actuelles.
Si Jonas Kaufmann retrouve un rôle qu’il connaît bien, la voix semble
plus claire et limpide que ce à quoi il nous avait habitués ces dernières
années ; on entend certes, très brièvement, un reste de la grippe dont il
avait été victime quelques jours plus tôt ; mais son Florestan se révèle,
par endroits, étonnamment lumineux dans l’émission. On apprécie une diction
absolument impeccable ainsi qu’une très belle musicalité, notamment dans le
duo « O namenlose Freude » et, bien sûr, dans son air « O Gott, welch Dunkel
hier » où se font entendre aussi bien la fragilité que l’espoir qui animent
le héros.
La distribution se voit complétée par Georg Zeppenfeld,
parfait Rocco, ainsi que par Amanda Forsythe et Robin Tritschler, tout à
fait convaincants en Marzelline et Jaquino. Si Egils Siliņš déçoit un peu en
Don Fernando, en raison d’un vibrato très marqué, le Don Pizarro de Michael
Kupfer-Radecki est remarquable d’assurance et d’autorité.
Tous ces
chanteurs sont fort bien accompagnés par l’orchestre du Royal Opera House
dirigé par Antonio Pappano : une direction qui a pu sembler un peu sèche
dans l’ouverture mais a su très vite faire sortir de l’orchestre un moelleux
et un dessin mélodique tels qu’on les attendait. A réécouter en podcast sur
France Musique pendant un an.
Une bonne soirée donc, qui aura un peu
consolé ceux qui espéraient voir le spectacle au cinéma...
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