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La Presse, January 20, 2013
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CLAUDE GINGRAS |
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Schubert: Die schöne Müllerin, Montreal, 20. Januar 2013
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Kaufmann: l'interprète d'abord
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Le mauvais temps eût justifié un Voyage d'hiver plus approprié, mais il n'a
pas empêché quelque 2000 personnes d'assister aux débuts ici de Jonas
Kaufmann.
Le ténor allemand de 43 ans avait choisi un autre Schubert,
La belle meunière, cycle de 20 lieder qui pourrait s'intituler plutôt Le
pauvre meunier - on passerait ainsi de Die schöne Müllerin à Der arme Müller
- car il raconte l'histoire d'un meunier amoureux d'une meunière qui
s'enfuit avec un chasseur et abandonne le meunier au bord d'un ruisseau
devenu son tombeau.
En simple tenue de ville, le chanteur à l'allure
de vedette de cinéma a chanté de mémoire le cycle d'une heure de durée,
s'arrêtant une seule fois, au 12e lied, pour prendre un peu d'eau. Ce 12e
lied étant précisément intitulé Pause, on a pu croire qu'il y aurait
entracte...
Kaufmann étant principalement associé au monde de
l'opéra, on pouvait appréhender cette incursion sur le territoire du lied.
Musicien très intelligent, Kaufmann s'est révélé également à l'aise dans les
deux genres. En pleine possession du texte, livré au complet, avec toutes
ses strophes, il en souligne jusqu'aux moindres nuances en colorant sa voix
selon la situation. Le drame entier passe ainsi dans la voix et seulement
dans la voix, sans l'ajout de gestes ou d'expressions de visage. C'est là
que Kaufmann cesse d'être un chanteur d'opéra pour devenir l'interprète d'un
univers beaucoup plus intérieur et abstrait. Fischer-Dieskau fut peut-être
le seul à réaliser ce double exploit.
En fait, chez Kaufmann, comme
chez son prédécesseur, c'est d'abord un interprète que l'on écoute; la voix
devient accessoire. Comme telle, la voix est nourrie et colorée et conduite
avec art. On aura remarqué un certain effort au suraigu et quelques légers
problèmes de justesse. Le surmenage, sans doute. Kaufmann répète
présentement le rôle de Parsifal au Met, où il retournait dès son récital
terminé. Et on sait qu'il revient le 3 février, cette fois à Québec.
Helmut Deutsch était au piano, comme il l'est depuis de nombreuses années de
tournées et d'enregistrements du célèbre ténor avec lequel il forme un
tandem idéal. Ovationnés et rappelés, ils ont offert trois rappels, sans les
identifier, mais tous de Schubert: Die Forelle, Der Musensohn et Der
Jungling an der Quelle.
Le texte de Die schöne Müllerin était fourni
dans le programme, avec traductions en français et en anglais. Belle
initiative, hélas! en pure perte. Encore une fois, la salle était plongée
dans la quasi-obscurité et il fallait s'arracher les yeux pour suivre les
paroles.
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