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ConcertoNet |
Claudio Poloni |
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Verdi: La forza del destino, München, Vorstellung 11. Januar 2014
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La force des voix
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Pour terminer l’année Verdi en beauté, l’Opéra d’Etat de Bavière a misé sur
une nouvelle production de La Force du destin. Un coup de maître car la
vénérable institution a réussi à réunir un plateau vocal quasiment
insurpassable aujourd’hui. Les amateurs de voix ont été véritablement à la
fête, ayant la chance de vivre une soirée électrisante qu’ils ne seront pas
près d’oublier de sitôt. Il faut dire que Munich a mis les petits plats dans
les grands puisque la distribution était emmenée par le couple qui affole
depuis quelque temps les grandes scènes lyriques : Anja Harteros et Jonas
Kaufmann. Elle, silhouette élégante, technicienne impeccable, musicienne
hors pair, capable de toute la gamme des émotions et des nuances, des
pianissimi éthérés de la prière aux fortissimi impérieux et ardents des
déclarations d’amour, atteignant sans peine le moindre recoin de
l’auditoire. Lui, interprète au chant ardent et passionné, aux aigus sûrs et
rayonnants, dont la voix sombre convient parfaitement au personnage
d’Alvaro, faisant chavirer le public avec des « mezza voce » ahurissantes, à
peine audibles.
Les autres chanteurs n’étaient pas en reste, à
commencer par un Ludovic Tézier en très grande forme, au legato exemplaire,
au style parfait et, pour une fois, investi physiquement. Ses duos avec
Jonas Kaufmann ont compté parmi les moments forts du spectacle, tant
visuellement (plusieurs scènes de combats très bien réglées) que vocalement.
Vitalij Kowaljow a incarné un marquis de Calatrava puis un Padre Guardiano
aux graves sonores et racés, alors que Renato Girolami a campé un Fra
Melitone loin du personnage bouffe de la tradition. On relèvera aussi la
solide prestation de Nadia Krasteva en Preziosilla.
Par contre, on ne
gardera pas un souvenir impérissable de la direction sans relief ni tension
d’Asher Fisch; on oubliera encore bien plus vite la mise en scène
incohérente de Martin Kusej, dans les décors extrêmement laids de Martin
Zehetgruber, faisant allusion successivement au Parrain, au 11 Septembre et
à la prison d’Abou Ghraib. L’homme de théâtre autrichien a voulu souligner à
l’excès combien la foi et la religion sont synonymes de fanatisme et
d’intolérance, menaçant de réduire la planète entière en cendres. Les
spectateurs des premières représentations, qui ont lieu pendant les fêtes de
fin d’année, ont dû apprécier… La production sera reprise en juillet, avec
le même trio exceptionnel... Le voyage à Munich s’impose !
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