Les Echos, 19/11/09
MICHEL PAROUTY
 
La Scala en force à Paris
 
Lorsque le Teatro alla Scala de Milan investit la Salle Pleyel, c'est avec toutes ses forces permanentes, orchestre et choeurs. Au programme, le « Requiem » de Giuseppe Verdi. Le musicien emblématique du temple lyrique milanais occupe une place de choix dans l'affection des mélomanes ; magnifiquement servi par une équipe enthousiaste, son chef-d'œuvre sacré reçoit, aux saluts, un accueil triomphal amplement mérité. Il peut sembler prétentieux d'affirmer que Daniel Barenboim dirige de mieux en mieux. Mais il fut un temps où il lui arrivait d'être pesant, insistant, de souligner de manière intempestive la carrure des partitions, de les brider par excès de rigueur, de donner trop de poids à la masse sonore. Tout cela, c'est du passé. Sa direction, aujourd'hui, peut revendiquer une pleine liberté ; les phrasés de ce « Requiem » se déploient sans contrainte, la tension, maintenue en permanence, n'est pas un obstacle à la progression dramatique, et cette vision, tout entière dirigée vers le « Libera me » final, est aussi terrible dans sa violence que profondément humaine. Qu'importe si, dans les dernières minutes, la voix de Barbara Frittoli fléchit et semble moins contrôlée et si Jonas Kaufmann connaît un bref moment d'égarement, tant ils habitent les mots et les incarnent. La sobriété de René Pape, le style impeccable et l'émotion de Sonia Ganassi sont dignes d'admiration.






 
 
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