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Qobuz, 3 septembre 2009 |
André Tubeuf |
Lohengrin de Wagner, le 5 juillet
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Un “Lohengrin” de luxe
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Un concept qui scéniquement marche et même
éclaircit les moments les plus broussailleux ; des personnages fortement
définis, évoluant, dont on suit pas à pas le fatal malentendu progressif.
Ce n’est pas le mince mérite de Richard Jones d’avoir réussi tout cela dans
son Lohengrin, la vedette allant aux prises de rôle très attendues de Jonas
Kaufmann et Anja Harteros.
Elsa attend son Bel Inconnu, son sauveur, en lui bâtissant déjà sa maison ;
mais l’artiste venu de loin (image que Wagner non sans complaisance ici
dessine de lui-même) ne s’installera pas à Wahnfried, maison pour rêves. On
est d’abord perplexe mais cela s’éclaire peu à peu et pas à pas. Où
entend-on dans Lohengrin pareil quatuor vocal ? Wolfgang Koch et Michaela
Schuster sont mordants et nets, subtils de voix, vivaces en scène. Anja
Harteros, d’une pureté vocale inouïe, sublime de legato, d’intonation, de
phrase, se hausse en fin de duo de l’acte III à la dimension de quasi-Isolde
qu’Elsa requiert alors.
Idéalement Bel Inconnu, Jonas Kaufmann ose au Graal de simples miracles
d’intériorité murmurée, éloquente, avec une illumination des mots
bouleversante, ineffable ensuite de tendresse déchirée dans l’adieu. Merci à
Kent Nagano d’ainsi soutenir les respirations et de laisser chanter.
Glorieuse soirée, comme on ne se lassera pas de dire qu’elle n’est possible
que dans une grande maison en ordre de marche qui y met tous ses moyens ; et
pas bâclée pour un soir festivalier d’été. |
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