Opéra magazine
Christian Wasselin
Récital, Palais Garnier, Paris, le 09/11/2008
ON AURAIT TORT DE PENSER QU’UN REÇITAL AVEC PIANO PROCÈDE UNIQUEMENT DU - GENRE DE L’INTIMITÉ.
 On aurait tort de penser qu’un récital avec piano procède uniquement du genre de l’intimité. Quand il s’agit pour un chanteur de remplir de Sa voix une salle de la dimension du Palais Garnier, et de choisir pour ce faire des pages qui s’affranchissent à plus d’une reprise du registre de la confidence, l’exercice devient spectacle, non pas au sens d’exhibition, mais au sens de chant et de drame mêlés.

C’est ainsi que Jonas Kaufmann a eu l’idée audacieuse de commencer son récital par deux cycles composés sur des poèmes italiens les Tre sonetti di Petrarca de Franz Liszt et les Seven Sonnets of Michelangelo de Benjamin Britten. Les pages de Liszt, amplement développées, sont tout autre chose que des mélodies ; elles font appel, la deuxième surtout, à des humeurs variées, à un large ambitus, à une tension que le ténor aurait peut-être dû aborder après un ou deux morceaux plus modestes, en guise d’échauffement. Mais la conviction et la maîtrise y sont, et c’est avec cette même technique éprouvée de la voix mixte, ce même sens des éclairages, cette manière d’évoquer aussi bien la douceur (Sonnet XXX) que l’inquiétude (Sonnet XXXVIII), que Jonas Kaufmann fait du cycle de Britten un grand moment de beauté et d’étrangeté.

Les treize lieder de Richard Strauss proposés en seconde partie, sont moins dépaysants, moins risqués aussi. Kaufmann, avec la complicité tranquille de Helmut Deutsch, joue là sur du velours.

Avec une constante aisance, il se promène de l’humour de Ach weh, mir unglückhaften Mann à la véhémence de Cäcilie, via des moments élégiaques (Sehnsucht) et des instants suspendus (Morgen), qui rendent hommage à sa capacité de fixer une atmosphère ou une situation en un instant.






 
 
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