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Altamusica.com |
Gérard MANNONI |
Récital, Grand-Théâtre, Bordeaux, le 26/11/2007
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L'irrésistible ascension de Jonas Kaufmann
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Récital du ténor Jonas
Kaufmann accompagné au piano par Helmut Deutsch au Grand-Théâtre de
Bordeaux. |
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Avec ce triomphal récital au Grand-Théâtre de
Bordeaux, le jeune ténor allemand Jonas Kaufmann vient de confirmer face au
public français le tournant que connaît sa carrière internationale. Un
immense moment de chant et de musique, à même de rappeler les prestations en
récital de certains monstres sacrés de la scène lyrique des années
1950-1960.
Bien sûr, le Grand Théâtre n'était pas plein pour cette première apparition
de Jonas Kaufmann à Bordeaux. D'ailleurs, avant les Traviata du Palais
Garnier en juin, et hormis le public de Toulouse et de Strasbourg, qui
connaissait vraiment en France le ténor allemand dont la carrière atteint
pourtant aujourd'hui un développement comparable à celui des Alagna, Alvarez
et autres Villazón ?
À preuve ses engagements pour 2008, qui le mèneront au Metropolitan Opera de
New York, à la Scala de Milan, à la Royal Opera House de Covent Garden, à
l'Opéra de Chicago, à ceux de Vienne, de Berlin et de Paris, sans oublier
Zurich, son port d'attache. Et pour y chanter aussi bien dans la Traviata
que la Bohème, Don Carlo que Manon, Fidelio que Carmen, avec le premier
choix des partenaires : Anna Netrebko, Natalie Dessay ou Vesselina Kasarova.
Il devrait même y avoir en 2009 à Munich un premier Lohengrin, sans oublier
qu'il a déjà chanté à Zurich ou au Festival d'Edimbourg des rôles lourds
comme Parsifal, Walter des Maîtres Chanteurs ou Max du Freischütz. Ce rappel
pour dire qu'il est grand temps de s'apercevoir en France de son existence,
au-delà de quelques autres apparitions sporadiques.
Tous ceux, public normal comme professionnels, qui assistaient à ce récital
bordelais consacré à Schubert, Britten et Strauss, en sont ressortis sous le
choc. On n'avait certainement rien entendu de semblable depuis la grande
époque des années 1950-1960, celle des Fischer-Dieskau, Schwarzkopf,
Seefried ou Wunderlich, époque où seuls les chanteurs d'opéra sachant
comment se chante la mélodie osaient aborder ce répertoire très spécifique.
Jonas Kaufmann est dans cet héritage. La voix est belle, on le savait,
puissante, on le savait aussi, mais surtout absolument malléable, répondant
avec la plus absolue fidélité aux moindres intentions de l?interprète,
passant des sons les plus ténus aux plus puissants, utilisant au besoin la
voix de tête sans pour autant détimbrer, avec une aisance et un naturel
confondants.
Dès lors, la traduction des univers aussi variés que ceux de la trop rare
Bürgschaft de Schubert, des Sept Sonnets de Michel-Ange de Britten et d'un
choix de Lieder de Richard Strauss nous est donnée dans sa totalité, texte,
musique, avec un comportement scénique en permanence expressif sans la
moindre touche de sophistication ni d'artifice. Kaufmann semble arriver sur
scène pour nous raconter des histoires, comme si c'était la chose la plus
aisée et la plus facile du monde, comme un ami vous faisant partager ses
émotions.
C'est à la fois émouvant, exceptionnel et assez phénoménal. Alors, devant un
art aussi accompli ajouté à ce physique de jeune premier romantique que
Paris découvrit en Alfredo-Théo Sarapo, on comprend très bien comment et
pourquoi le calendrier du ténor est si avantageusement rempli dans les mois
et les années qui viennent.
Ajoutons encore qu'il avait pour partenaire l'un des princes du monde des
accompagnateurs en la personne de Helmut Deutsch, présence à la fois
fondamentale et complémentaire, qui fut notamment ? ce ne peut être un
hasard ? l'accompagnateur d'Irmgard Seefried et est encore celui de toutes
les plus grandes voix actuelles. |
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