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ConcertoNet.com |
Christophe Vetter |
Berlioz: La Damnation de Faust, Bruxelles La Monnaie 9 juin 2002
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Coup de maître
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Pour terminer une saison particulièrement
réussie, aussi bien dans la diversité de la programmation que dans le
résultat artistique des œuvres proposées, le Théâtre Royal de la Monnaie
prend un certain risque en confiant la mise en scène à un décorateur et
costumier hors pair qui a fait ses preuves à maintes reprises (tout
récemment dans l’ Orfeo de Monteverdi vue par Trisha Brown) mais qui
s’attaque à l'un des plus difficiles ouvrages du répertoire. Heureusement,
Roland Aeschlimann révèle des qualités de dramaturge qui permettent une
lecture inédite et émouvante de La Damnation de Faust.
Pour Aeschlimann, Faust est un double de Berlioz, auteur non seulement de la
musique mais aussi du livret (dénommé justement «poème »), en panne non pas
de jeunesse, mais d’inspiration que Méphistophélès et Marguerite vont
permettre de raviver. Le décor, volontairement sobre, associe des symboles
facilement identifiables à chaque personnage : un crayon rouge pour Faust,
une contrebasse pour Méphistophélès, un ballon pour Marguerite, sans que le
procédé soit trop lourd, grâce à une direction d’acteurs souple et
authentique, une maîtrise stupéfiante des éclairages, aboutissant à une
succession de magnifiques tableaux sans cesse en situation, en accord avec
une partition (la musique et les mots intimement liés) complexe, ambiguë.
La réussite n’aurait pu être totale sans une adéquation musicale à ce
concept. Or Antonio Pappano, pour sa dernière production en tant que
directeur musical de la Monnaie, trouve le ton juste et l’équilibre entre
l’éclat des scènes héroïques et l’intimisme exigé par d’autres moments.
Jonas Kaufmann est l’incarnation physique du héros romantique que la mise en
scène impose et surmonte presque toutes les difficultés du rôle de Faust,
mis à part les périlleux aigus de la troisième partie. José Van Dam
conserve malgré le temps qui passe cette autorité vocale d’un formidable
impact, le style demeurant par ailleurs un modèle. Susan Graham vibre d’une
émotion bouleversante, la voix parfaitement à l’aise dans la tessiture de
Marguerite qui met en avant la beauté du timbre et la souplesse du phrasé.
Rendons enfin hommage aux chœurs de la Monnaie particulièrement sollicités
dans cette œuvre, parfaitement en situation scéniquement et vocalement grâce
à leur préparation par Renato Balsadonna et leur adhésion au travail de
Roland Aeschlimann qui, pour sa première mise en scène, réussit un coup de
maître. |
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