Resmusica, 20/12/2010
Andreas Laska
Jonas Kaufmann explore l’opéra vériste
Craquant. Jonas Kaufmann encore ! Quelques mois seulement après la publication d’une Belle Meunière et un an après la sortie de son dernier récital lyrique consacré au répertoire romantique allemand, le ténor allemand est de nouveau présent sur le marché du disque. Verismo arias est le titre de ce nouvel album qui mélange habilement les grands classiques du répertoire vériste (Cavalleria rusticana, I Pagliacci, Andrea Chenier, Adriana Leucouvreur) et quelques extraits tirés d’opéra moins connus tels que Giulietta e Romeo de Zandonai ou I Lituani de Ponchielli.

Mais Jonas Kaufmann, éminent Lohengrin, Florestan et Werther, est-il un ténor vériste ? A vrai dire, sa voix sombre, à l’émission très basse, mais à l’aigu facile et lumineux le prédestine à ce type de répertoire plus encore qu’aux emplois verdiens. Voici un ténor à mi-chemin entre Mario del Monaco et Carlo Bergonzi qui possède la puissance de l’un et le savoir-faire stylistique de l’autre. Voici un ténor pour qui « vérisme » égale passion sans que cela serve de prétexte à un chant musclé avare de nuances. Au contraire : si Kaufmann impressionne par la beauté du timbre et l’arrogance d’un aigu apparemment sans limites, s’il fascine par la netteté de l’articulation et l’engagement passionnel, c’est avec son sens des nuances qu’il force le respect. Ainsi, il ne réussit pas seulement les adieux à la mère de Turridu ou l’Improvviso d’André Chenier, mais également des airs plus lyriques tels que le Lamento de Federico ou la romance d’Enzo tirée de La Gioconda. Dommage seulement que l’émission basse qui caractérise son chant entraîne une tendance à l’engorgement des piani dans la zone du médium…

Mais la réussite globale de l’album est également due à la direction musicale confiée à Antonio Pappano. Comme Kaufmann, Pappano sait explorer le pouvoir émotionnel de cette musique sans sombrer dans un déferlement de décibels. Un rien décevant, en revanche, la prestation d’Eva-Maria Westbrœk dans le duo final d’Andrea Chenier. Face au chant passionné de Kaufmann, la soprano néerlandaise semble bien en retrait.

 
 






 
 
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