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ON Magazine, 10 octobre 2013 |
par Michel Jakubowicz |
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CD : Requiem de Verdi par Daniel Barenboim
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(5/5) |
C’est
au poète et héros national italien Alessandro Manzoni que Giuseppe Verdi
dédia et conçut son Requiem qui fut donné le 22 mai 1874, soit exactement un
an après le décès du poète le22 mai 1873.Dans cette œuvre monumentale,
Giuseppe Verdi tout comme Berlioz dans son Requiem, entretient avec ce genre
éminemment religieux des rapports complexes, semblant hésiter entre
théâtralité et religiosité.
Pourtant à l’audition de cette missa da
Requiem de Verdi il ne fait aucun doute que l’on a affaire à un chef-d’œuvre
de la musique sacrée et la foi de Giuseppe Verdi ne saurait être mise en
doute. Cela est directement audible dans le Requiem aeternam qui débute
l’œuvre et qui sera suivi d’un Kyrie eleison imposant. Dans le troisième
volet de ce Requiem (Dies irae) de nouveaux éléments dramatiques et
terrifiants font leur apparition ; la terreur et l’horreur du trépas
éclatent ici avec une rage et une force effrayantes. Ce climat de désolation
sera également présent dans le Rex tremendae majestatis et il faudra
attendre l’admirable Hostias chanté par le ténor pour voir à nouveau
réapparaître une sorte d’accalmie précaire. Accalmie précaire que confirmera
le second retour du terrible Dies Irae qui de nouveau va déployer toute sa
violence et tout son courroux. Même avec l’ultime partie du Requiem le
Libera me, Domine, l’inquiétude est encore présente et ce n’est qu’à la
conclusion extrême qu’un calme relatif règne définitivement à nouveau.
Daniel Barenboim qui dirige ici l’Orchestra e coro del Teatro alla Scala est
enregistré en direct lors d’un concert donné précisément au Teatro alla
Scala les 27 et 28 août 2012 et il apporte à ce Requiem de Verdi toute
l’énergie extraordinaire qu’il exige d’un chef, et il faut avouer que Daniel
Barenboim subjugue ici par son autorité rendant avec beaucoup de sensibilité
le potentiel de violence et aussi de sérénité que contiennent cette œuvre
fascinante. Bien entendu un élément non négligeable participe au succès de
cet enregistrement : il s’agit du Coro del Teatro alla Scala, ici réellement
exemplaire .Mais bien sûr, Daniel Barenboim a su s’entourer d’un quatuor
vocal qu’on ne rencontre qu’en de rares circonstances. C’est pourtant le cas
ici avec la présence de quatre solistes formidables puisqu’il ne s’agit de
rien de moins que la soprano Anja Harteros, la mezzo-soprano Elina Garanca
ainsi que de deux voix masculines d’exception : la basse René Pape et
l’incroyable ténor Jonas Kaufmann.
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