Altamusica, Sélection CD/DVD avril 2009
Gérard MANNONI
 
Deux stars pour Butterfly 
Ce nouvel enregistrement de Madame Butterfly réunissant deux des superstars actuelles du monde lyrique était très attendu. Aucune déception à la clé, même si ce n’était pas forcément gagné d’avance.

Avec une habileté remarquable, Angela Gheorghiu, qui n’a jamais chanté le rôle à la scène, campe une Butterfly convaincante à tous les niveaux. La pureté de la voix, la qualité du phrasé et la nature même du timbre conviennent idéalement à cette héroïne-victime dont la cantatrice traduit à la fois la force et la fragilité, sans jamais forcer sur les effets ni sans sombrer dans un mélodrame extraverti à l’excès à la fin, erreur de tant d’autres interprètes. L’histoire est bien assez tragique et bouleversante comme cela sans qu’il soit besoin d’en rajouter, et la pudeur expressive mais bien théâtrale de Gheorghiu est d’une grande efficacité et d’une grande vérité.

Presque caricatural dans son comportement de conquerrant avantageux, macho et égoïste, Pinkerton n’est pas le personnage le plus sympathique du répertoire. Toujours aussi habile chanteur, acteur et musicien, Jonas Kaufmann lui donne une épaisseur humaine inhabituelle. On aurait presque pitié de lui à la toute dernière scène. Sans doute la couleur plus sombre de sa voix que celle des ténors italiens habituels du rôle et l’extraordinaire capacité de Kaufmann à donner une forte intensité musicale à tout ce qu’il chante y sont pour beaucoup. En tous cas, le duo apporte à l’ouvre une sorte d’authenticité dans l’émotion bien appréciable.

La très experte baguette d’Antonio Pappano y est aussi pour beaucoup, tout comme les belles couleurs du chœur, de l’orchestre et l’excellente manière dont sont tenus les rôles de Sharpless et de Suzuki.
 






 
 
  www.jkaufmann.info back top