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Opera Online
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Elodie Martinez
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Chronique d'album : Italienisches Liederbuch, de Diana Damrau, Jonas Kaufmann et Helmut Deutsch
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Après
une tournée impressionnante à travers l’Europe, Jonas Kaufmann
et Diana Damrau, accompagnés par le pianiste Helmut Deutsch, ont
sorti chez Erato un disque intitulé Italienisches Liederbuch
qui, comme son nom l’indique, est consacré au recueil éponyme de
Hugo Wolf dont la composition fut interrompue par deux fois,
d’abord par La Fête à Solhaug en 1891, puis par Der Corregidor
en 1896. Ce n’est d’ailleurs que peu après l’achèvement de
l’Italienisches Liederbuch qu’un examen révélera un début de
paralysie cérébral chez le compositeur, lié à sa syphilis qui
entraînera son internement en 1898, puis son décès le 22 février
1903.
C’est à la soprano que revient le premier lied, «
Auch kleine Dinge können uns entzücken » (« Même de petits riens
peuvent nous ravir »). Il pose le ton : les lieder du programme
sont tous très brefs (entre quarante-cinq secondes et trois
minutes) mais parfaitement servis par les trois artistes qui,
loin de suivre la numérotation des lieder, les ont agencés afin
de façonner une véritable histoire. À l’origine, dix-sept poèmes
ont un locuteur masculin, dix-neuf une locutrice féminine et dix
ne sont pas genrés. La répartition conserve cette équité et
donne à voir les différentes phases d’une histoire amoureuse :
le couple commence par se conter fleurette et se charmer,
multiplie les déclarations enflammées mais finit toutefois par
se séparer. Comme le chante Diana Damrau dans « Ich ha’in Penna
einen Liesbten wohnen », la femme prend au final de nombreux
amants. Ce choix d'agencement est donc particulièrement
judicieux, en lieu et place d’une interprétation linéaire qui ne
serait qu’un enchaînement. Globalement, l’écoute du disque
permet de retrouver l’atmosphère et la bonne entente ressentie
par notre confrère lorsqu’il s’était rendu au récital parisien
en février 2018. La complicité transparaît à travers
l’enregistrement, mais sans pour autant effacer les deux lignes
de chant. Les mediums assurés permettent à la soprano de faire
mieux encore ressortir ses aigus savamment maîtrisés, tandis que
le timbre ambré de Jonas Kaufmann fait des merveilles et offre
une interprétation solaire.
Bien sûr, le disque a ses
limites et malgré sa grande qualité, il ne permet pas de revoir
ces mimiques et ce jeu qui existaient entre les deux chanteurs,
mais à l'écoute, on les devine et le disque prolonge le bonheur
d’entendre ou de réentendre les deux interprètes. La
prononciation exemplaire, ainsi que les nuances, permettent une
lecture et une compréhension des plus agréables non seulement
des lieder, mais aussi du projet global. Cela ne serait
toutefois pas possible sans le superbe accompagnement au piano
de Helmut Deutsch qui sait magnifier le verbe, entre délicatesse
et puissance expressive.
Enfin, le livret, plutôt
élégant, propose non seulement un texte introductif et un
éclairage pertinent (signés Hélène Cao dans la version
francophone), mais aussi les traductions en français et en
anglais des chants allemands, ainsi que plusieurs photos
disséminées au gré de la lecture. Difficile au final de ne pas
succomber à ce manège à trois !
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